Rescapée du bombardement du 18 août 1944 sur Poissy, Marie-Thérèse Thomas sera présente à l’occasion de la célébration de la Libération de Poissy ce dimanche 29 août.

Ce 18 août 1944, vers 20 heures, les bombes - et le malheur - vont s'abattre sur Poissy. Pourchassé par des avions de la Royal Air Force (RAF) britannique, un bombardier allemand s'allège de son chargement meurtrier afin de leur échapper. Plusieurs immeubles sont détruits mais surtout, onze personnes dont huit enfants perdent la vie. Dans les décombres, une petite fille de 2 ans et demi à peine a pourtant survécu. Aujourd’hui âgée de 79 ans, Marie-Thérèse Thomas n’a pas de souvenir de ce jour tragique. « Mais on me l’a raconté tellement de fois que j’en ai rêvé, souffle-t-elle. A tel point que, jusqu’il y a peu, tous les 18 août je pleurais. »

Ce jour de 1944, elle devait rester chez son grand-père, au 18 de la rue aux Moutons : « Mais j’ai voulu aller voir mes amis. C’était juste à côté, je n’ai même pas traversé la rue. » Quelques instants plus tard, elle est ensevelie sous les débris alors que l'immeuble de son grand-père est resté intact. Sortie par les les secours, elle est la seule survivante. « Tous mes amis ont été tués. Encore aujourd’hui, je n’arrive pas à me considérer comme une miraculée. Je me demande juste pourquoi eux et pas moi. »

« Je me demande juste pourquoi eux et pas moi. »

Si elle y a survécu, Marie-Thérèse Thomas a été marquée dans sa chair par le bombardement : emmenée rapidement dans l’ancienne caserne des pompiers, située en centre-ville, puis à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye, elle est anesthésiée à l'alcool et amputée de sa jambe droite. Elle passe un an en soins, un année pendant laquelle « ma mère, qui travaillait à la Société des câbles électriques et d’accessoires techniques de Poissy est venue me voir tous les jours en vélo », se remémore-t-elle. Elle ressort de l'hôpital avec un pilon, fixé à sa cuisse par une courroie. « Je l’ai eu jusqu’à 9 ans, évoque-t-elle. Puis, comme pupille de la nation, j’ai pu bénéficier d’une prothèse, achetée par ma marraine américaine, une femme que je n’ai jamais vue. » Malgré le handicap, elle arpente les rues de Poissy où elle vit : « J’ai toujours beaucoup marché, c’est ce qui m’a aidé à tenir, pense-t-elle. J’allais partout à pied, même en prenant les rues pentues comme la rue Paul-Poret. » Pendant ces années de jeunesse, elle habite rue du Cep, puis rue des Demoiselles, va à l’école de l’Abbaye puis au collège Jean-Jaurès. « J’ai vécu une belle enfance, pense-t-elle. Même si, parfois, surtout à l’adolescence, c’était un peu difficile : je ne pouvais pas mettre de chaussures, je n’allais pas au bal. » Sa vie est en outre rythmée par les fréquents séjours à l’hôpital, pour de multiples opérations : « J’ai connu ça toute mon existence, mais ça ne m’a pas empêché de faire ma vie, assure-t-elle. J’ai eu cinq enfants et j’aime faire rire les autres ! » Après avoir vécu à Chanteloup-les-Vignes puis Magny-les-Hameaux, elle réside désormais à l’Institution nationale des Invalides, à Paris. Si elle sort peu, c’est avec un plaisir évident qu’elle va se déplacer à Poissy dimanche 29 août pour commémorer la Libération et le bombardement du 18 août : « Je ne suis pas revenue depuis longtemps, évoque-t-elle. Mais c’est une ville qui m’est chère, où j’ai longtemps vécu et où de nombreux proches sont enterrés. Ce sera sans doute un moment très fort pour moi. »

• La Libération de Poissy sera célébrée dimanche 29 août. Retrouvez tout le programme ici.

 

Restez connecté