Toutes les actualités
Portrait
![](/images/Portraits/Penicaud/Penicaud1.jpg)
Clémence Pénicaud croque la vie à pleine encre
A l’occasion du Festival du livre, le #Poissy a rencontré Clémence Pénicaud, illustratrice jeunesse dont la palette s’élargit d’année en année. Outre ses réalisations pour les maisons d’édition, la Pisciacaise anime des ateliers créatifs et esquisse des envies d’écrire.
Vous ne l’avez peut-être pas remarqué mais Clémence Pénicaud s’est affichée au mois de juin dans tout Poissy. L’illustratrice a activement participé au premier Festival du livre en s’adonnant à une séance de dédicaces mais aussi en créant l’affiche de l’événement organisé du 28 juin au 1er juillet par la Librairie du Pincerais, en partenariat avec la Ville et ses médiathèques. L’occasion de (re)plonger dans ses livres jeunesse tels que "Un éléphant dans ma poche" ou "Qui a fait pipi dans mon lit ?". Au risque d’avoir soudainement envie de sauter dans un pyjama, dessiner des animaux, courir avec eux, cuisiner un gâteau et plonger dedans…
Clémence Pénicaud a le pouvoir de dessiner sur le visage de ses lecteurs un sourire aussi large que le sien et celui de ses personnages. Des personnages vivants et lumineux. À l’image de son atelier pisciacais où ils grandissent : un espace chatoyant attenant à sa maison, niché en plein centre-ville. On y trouve naturellement le matériel de prédilection de l’artiste (encre de chine, gouache, aquarelle, fusain...), ses derniers croquis et de nombreux albums jeunesse dont elle est une grande consommatrice : « En dévorant les livres de Roald Dahl en CM1, je me souviens avoir découvert Quentin Blake, son illustrateur, et m’être dit que c’était un génie ! Il fait passer des émotions incroyables et je réalise alors que c’est le métier que je veux faire ! »
« FAIRE PASSER DES ÉMOTIONS »
Pour s’en assurer, quelques pages plus tard elle aiguise ses crayons à l’Atelier de Sèvres (Paris 6e), à l’École Estienne (Paris 13e) puis à l’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg : « Des années passionnantes au cours desquelles j’approfondis le dessin et la narration. ». Treize ans après ses débuts, la Pisciacaise de 39 ans est toujours aussi « fascinée par ce métier qui lui permet de raconter des histoires en plus de l’histoire et faire passer des émotions ».
Clémence Pénicaud, dont l’énergie déborde autant que ses couleurs, multiplie aussi les rencontres avec les enfants : animation d’ateliers créatifs, interventions dans des écoles, médiathèques, salons du livre, participations à des événements comme Partir en Livre au Parc Meissonier : « J’adore partager avec les enfants. Mon travail d’illustration nourrit la créativité de mes ateliers et vice-versa. Il m’est arrivé de coincer sur une histoire et les enfants dans leur créativité et sensibilité extraordinaires m’ont aidée à voir les choses autrement. Les enfants ont une imagination folle, ils voient une planche de bois et s’imaginent surfant sur la plage ! »
Autre source d’inspiration, Poissy dont certaines maisons en meulière ont pris place dans ses livres : « Le Parc Meissonier, la forêt, les sentes, le restaurant La Bonne Planque où sont exposés une dizaine de mes dessins… Il y a plein d’endroits fabuleux où infusent mes idées. » Et la Pisciacaise de 39 ans ne compte pas s’arrêter là : « Imaginer une histoire, c’est délicieux. À l’instar des "Ateliers du petit artiste", j’ai très envie d’écrire moi-même mes histoires. » Une perspective qui suscite la gourmandise.
![](/images/Portraits/Fasciani/Fasciani_portrait.png)
Valerio Fasciani, la Dolce Vit’art
Restaurateur d’art dans les plus grands monuments, Valerio Fasciani a dévoilé ses propres œuvres à la Maison de Fer à l’occasion de la Nuit Blanche à Poissy. Un travail réalisé par le natif de Rome dans la quiétude de son atelier pisciacais, sur les terres de l’ancien prieuré royal.
Le mois dernier, dans les pages du #Poissy 238, Agnès Guignard descendante d’Ernest Meissonier évoquait « le milieu d’artiste inouï » établi aux siècles derniers sur le site de l’ancien prieuré royal. Si les années ont passé, la créativité n’a cessé de germer. En témoigne l’œuvre de Valerio Fasciani, qui a animé les visiteurs de la Maison de Fer à l’occasion de la Nuit Blanche à Poissy le samedi 3 juin. Le natif de Rome « a été capturé en 2004 par Poissy et en particulier l’enclos de l’Abbaye où changent l’atmosphère, l’époque et même le climat, beaucoup plus humide. »
L’artiste peintre et plasticien y travaille sur les thèmes qui lui sont chers tel que la liberté. L’une de ses dernières réalisations le présente ainsi en cage derrière de fragiles barreaux surplombés de corbeaux comme pour évoquer les rassurantes limites que l’homme s’impose à lui-même.
« C’est génial de participer à cette Nuit Blanche, s’enthousiasme-t-il avec cet accent qui vous fait voyager dans les ruelles de la cité éternelle. Les gens que je côtoie à Poissy ne savent pas nécessairement ce que je fais et je suis curieux de voir leur réaction. C’est toujours très intéressant, parfois très émouvant. L’art est un besoin profond. Des choses me font réagir et il me faut leur donner une forme. L’art est un raccourci dans l’échange, une façon de parler sans parler qui me permet ainsi à la fois d’exprimer mon point de vue et d’aller à la rencontre des autres. »
« L’ART EST UN RACCOURCI DANS L’ÉCHANGE »
Créer n’a pourtant pas toujours été aussi évident pour Valerio Fasciani : « J’ai commencé à dessiner tout petit et à onze ans mes parents m’ont offert mon premier chevalet et une toile. Mais deux ans plus tard, ils m’ont interdit de faire des études artistiques. Je me suis alors complètement éloigné de l’art, j’ai fait comme si cela n’existait pas. Je suis devenu banquier, comme mon père. »
Mais en 1980, alors âgé de 26 ans, il reprend crayons et pinceaux façon rouleau compresseur : « Je quittais le travail à 17h et peignais jusqu’à minuit. » Neuf ans plus tard, une amie restauratrice de peintures va lui permettre de s’y consacrer plus encore. Cet autodidacte qui a étudié dans un lycée scientifique devient restaurateur d’art : « La restauration n’est pas aussi romantique qu’on l’imagine. Ça peut être très physique. Mais je voulais vivre au milieu des couleurs et des peintures. J'ai le privilège de fréquenter des endroits incroyables. »
En 2002, Valerio Fasciani atterrit ainsi à la Galerie d’Apollon au Louvre où il rencontre la Pisciacaise de naissance Isaline, sa future femme, qui va l’embarquer avec ses pinceaux qui « l’accompagnent toujours » pour la cité saint Louis. Ensemble, ils vont ensuite être missionnés dans la Galerie des Glaces à Versailles.
« Ce métier me permet de rester en contact avec la matière, d’expérimenter de nombreuses techniques : aquarelle, gouache, chaux. C’est une école. Ça me nourrit, ça m’inspire », confie l'homme de 69 ans qui travaille actuellement au-dessus de l'hémicycle de l'Assemblée Nationale dans une salle peinte par Evariste Fragonard et qui souhaite continuer « tant que sa santé le lui permet ». Alors, santé !
![](/images/Portraits/Guignard/Guignard1.jpg)
Agnès Guignard, passeuse d'histoire
Depuis 1984, Agnès Guignard, descendante d’Ernest Meissonier, réside sur le site de l’ancien prieuré royal où le célèbre artiste avait pris ses quartiers au XIXe siècle. Le lieu idéal pour assouvir sa passion : percer l’histoire à jour et la partager.
Le prieuré Saint-Louis fondé par le roi Philippe le Bel et les ateliers d’Ernest Meissonier berceaux de toiles exposées dans les plus prestigieux musées du monde. De copieux chapitres de l’histoire de Poissy ont été écrits à l’entrée de l’enclos de l’Abbaye. Au sens propre, de nombreuses pages continuent de s’y écrire sous la plume d'Agnès Guignard, descendante d’Ernest Meissonier.
Celle dont l’arrière-arrière-grand-père fut l’un des plus éminents peintres du XIXe siècle habite le site de l’ancien prieuré acquis par celui-ci en 1846. Domaine qu’elle a découvert pour la première fois un siècle plus tard à l’âge de deux ans.
Un endroit foisonnant d’histoires où s’est forgée sa passion : « Le passé était extrêmement présent. Notre famille vibrait pour l'histoire. Ma grand-mère Jenny Meissonier, petite-fille d’Ernest, était pleine de souvenirs. Je lisais les livres qu’elle avait lus étant enfant et passais d’une époque à l’autre. À l'âge de 14 ans, je me suis mise à lire les vieilles lettres puis les carnets dans lesquels les gens fixaient le temps. Ce n'est pas toujours évident à transcrire car parfois rédigé dans d'autres systèmes d'écriture mais ce sont de formidables mines d’informations, de magnifiques mosaïques. Au-delà des dates s'y dessinent des silhouettes. J'ai beaucoup entendu parler de ces personnes et j'ai par moments l'impression d'entrer dans des mondes parallèles. »
Agnès Guignard aime autant arpenter que raconter l’histoire. En 1968, elle passe l’agrégation d'histoire-géographie et enseigne successivement au lycée à Caen puis à l’université à Nancy : « Après mai 1968, les établissements étaient en ébullition, c’était passionnant. » En 1977, elle suit son époux ingénieur à Dakar puis à Abidjan où elle enseigne l’histoire du moyen-âge et de la Côte d’Ivoire. Sept ans plus tard, la famille Guignard revient en France et s’aménage un pied à terre dans la propriété façonnée par Ernest Meissonier. Un court séjour toujours en cours.
« FAIRE PARLER L'HISTOIRE DES LIEUX »
C’est à cette époque que sont lancées les Journées du patrimoine qui enthousiasment naturellement Agnès Guignard : « Dès le début, nous avons ouvert nos portes. La communication se réduisait alors à une affiche à l'entrée mais il y avait déjà énormément de monde alors nous avons demandé au Musée du Jouet de distribuer des tickets. »
« C’est important de faire parler l’histoire des lieux d'autant que la plupart des bâtiments ont disparu et que l’histoire est en creux ici. Je continue de lire et d’apprendre régulièrement des choses. Je deviens donc de plus en plus bavarde durant les visites », s'amuse-t-elle.
Attachée à « faire revivre le passé », Agnès Guignard écrit aussi pour les publications du Centre d’études historiques et archéologiques (CEHA) de Poissy et continue de nourrir des projets : « Je souhaite réaliser un livre d’images à partir de documents présents ici. Beaucoup de croquis et d'aquarelles n’ont pas été achevés par les nombreux artistes qui ont vécu ici. Ernest Meissonier est le plus connu mais tout le monde dans la famille était artiste comme son fils Charles. Il y avait également des maîtres verriers, des sculpteurs. C’est un milieu d'artiste inouïe. » Avec encore de beaux jours devant lui.
![](/images/Portraits/Delaporte/Delaporte1.jpg)
Philippe Delaporte, une Porsche ouverte sur le monde
Enfant de Poissy, Philippe Delaporte a assisté à l’inauguration du centre Porsche Paris Ouest : un beau clin d’oeil pour cet aventurier qui a bouclé avec ses fils un tour du monde en Porsche 928 !
Huit générations de 911, trois générations de speedster, deux 2007 RS, trois supercar, la 936 vainqueure des 24h du Mans 1981… Pour l’inauguration du centre Porsche Paris Ouest le 13 avril, la firme de Stuttgart avait réuni des modèles mythiques de la marque. Au milieu de ces légendes, la Porsche 928 de Philippe Delaporte raconte une histoire singulière, loin des circuits et de l’image de vitesse associée à Porsche : celle d’un passionné qui a emmené ses fils et sa voiture de collection sur des routes, pas toujours praticables, tout autour du monde. Le 28 mai 2016, accompagné de son aîné Gauthier, celui qui a vécu à Poissy jusqu’à ses 26 ans, part de Paris pour rejoindre Tokyo en traversant l’Europe puis la Russie, via la transsibérienne de Saint-Pétersbourg à Vladivostok. Fin septembre, une fois que la 928 a traversé le Pacifique en cargo, Philippe Delaporte reprend la route, cette fois avec son cadet Baudoin, pour rallier New York depuis Anchorage en Alaska en empruntant des chemins de traverse qui les mènent au cercle polaire, à San Diego, Miami et Washington…
104 jours de voyage, 14 pays traversés, 34 491 kilomètres parcourus. Une aventure extraordinaire « au cours de laquelle nous avons vécu des moments intenses de découverte, de paysages, de rencontres, parfois d’anxiété mais jamais de doute, se remémore tout sourire le baroudeur. Nous avons vécu quelque chose d’unique, une véritable épopée ! » Une épopée qui prend ses racines dans la jeunesse même de Philippe Delaporte : fils d’un ingénieur travaillant à l’usine Simca puis Chrysler, il baigne dans le milieu de l’automobile lors de ses années pisciacaises.
Mais très vite, Philippe Delaporte rêve d’ailleurs. En 1977, bac et permis en poche, il prend la route de l’Iran en 4L ! « Chaque jour a été une découverte, une aventure avec des pannes, des galères, des rencontres. Ça a été un déclic : Cette voiture m’a donné un sentiment de liberté et le goût du voyage. » Suivent, pendant ses études de médecine, la traversée du Sahara (1979), la montée vers le Cap Nord (1983) et enfin la traversée de l’Afrique jusqu’à Kinshasa (1983).
Après ses périples, la 4L est remisée au garage et le globe trotter bâtit sa vie d’homme. Marié, père de deux enfants, directeur des opérations dans le shipping, il conserve sa passion pour l’automobile qui se traduit par l’achat de voitures dont il a toujours rêvé : une Jaguar MK2 de 1962, un Land Rover Defender…et la Porsche 928.
La passion automobile coulant dans les veines de la famille Delaporte, c’est Baudoin qui, bercé par les récits d’aventure de son père, lui propose de partir en raid en 2011, direction l’Iran. Gauthier voulant à son tour embarquer pour un voyage en 928, l’idée de boucler un tour du monde avec ses deux fistons s’impose vite.
L’histoire, extraordinaire, connaît un énorme retentissement dans la communauté Porsche : la 928, devenue une star, est présentée lors de salons et d’événement… Comme l’inauguration de la concession de Poissy. Un sacré clin d’œil du destin pour Philippe Delaporte, qui avait vu sa première 928 avenue du Cep ! « La boucle est bouclée », sourit celui qui est prêt à partir de nouveau au volant de son engin, vers l’Australie ou l’Amérique du Sud : « Les itinéraires sont prêts, la voiture aussi », avance le Pisciacais de cœur. A n’en pas douter le bonhomme aussi !
![](/images/Portraits/Lancieaux/Yolande1.jpg)
Yolande Lancieaux, la vie qui chante
Née à Poissy en 1932, Yolande Lancieaux n’a jamais quitté la cité saint Louis où elle a joué de nombreux rôles. Sur scène mais pas seulement. Au point d’en devenir une figure incontournable.
Barbara, Jean-Jacques Goldman, Thomas Dutronc, Eddy Mitchell, Julien Clerc… Sous forme de CD ou de livres, la chanson française est à l’honneur dans un coin de l’appartement de Yolande Lancieaux, non loin de l’Octroi. Mais ce n’est rien au regard de la place qu’occupe la musique dans sa vie. Car de sa plus tendre enfance à aujourd’hui, Yolande, qui soufflera ses 91 bougies le 1er mai prochain, n’a eu de cesse de saisir les nombreux micros qui lui ont été tendus. Et ce malgré un obstacle de taille.
« J’ai toujours voulu chanter mais mes parents n’étaient pas d’accord », confie Yolande qui va dès ses 14 ans embrasser le métier de typographe, avant de devenir successivement correctrice d’imprimerie, secrétaire de la ferronnerie pisciacaise de son mari et enfin gérante avec ce dernier d’un magasin de décoration rue du Général-de-Gaulle.
Pour assouvir sa passion, dès 16 ans elle chante le week-end avec l’orchestre du bal de Carrières-sous-Poissy puis fonde le groupe de musique de l’imprimerie avec qui elle participe à de nombreux galas de bienfaisance. Mais c’est une fois à la retraite que Yolande « réalise ce qu’elle a voulu faire toute sa vie ». « J’ai pris des cours de chant pour mieux gérer mon souffle et placer ma voix puis créé le groupe "Chantons ensemble" composé de Pisciacais », se souvient-elle.
« Chanter pour rester jeune »
Toujours programmé une fois par mois à la RPA (résidence autonomie) Les Ursulines, le groupe a fait vibrer « toutes les maisons de retraite de la région » et donne depuis 1999 un gala par an au Centre de Diffusion Artistique (CDA). Et les enfants du club Saint-Exupéry l’accompagnent en dansant au CDA et lors de la fête de quartier depuis l’an 2000. « Je pense que c’est le fait de chanter qui me permet de rester jeune. Sur scène, les douleurs s’évanouissent. Et travailler avec les enfants, est vraiment rafraîchissant », savoure Yolande qui endosse également le costume de coach des élus pour leurs prestations lors du traditionnel banquet des aînés. Des élus qui « se débrouillent bien », salue-t-elle.
Et si elle est une icône dans la cité saint Louis, ce n’est pas seulement grâce à ses prestations sur les scènes de la ville. Née en 1932 Cours du 14 juillet (boulevard de la Seine à l’époque), Yolande a vécu toute sa vie à Poissy, comme son mari Maurice, centenaire en octobre 2022, avec qui elle a eu deux enfants, qui lui ont offert cinq petits-enfants et un arrière-petit-fils. 91 années pisciacaises qui lui ont donné l’occasion de se coiffer de nombreuses autres casquettes : « J’ai beaucoup œuvré au Club Péguy, notamment au sein de l’association AVF (accueil des villes françaises), qui s’activait pour les nouveaux arrivants. J’en ai été présidente durant huit années au cours desquelles le nombre d’adhérents est passé de 150 à 300. J’ai également été secrétaire de l’association Poissy Jeunesse. Dans le cadre du jumelage, j’ai été à Pirmasens et j’ai accueilli des visiteurs allemands. M’investir pour cette ville et les Pisciacais que j’aime tant est très important pour moi. » Et c’est réciproque.
![](/images/Portraits/Monnier/MonnierP1.jpg)
Georges Monnier : "Toutes les routes mènent à Georges"
Chaque rencontre avec Georges Monnier est un voyage. Un voyage dans le sud où il a vécu jusqu’à ses 27 ans et en particulier dans le Gard qui l’a vu naître et dont il conserve l’accent chantant. Un voyage dans le temps aussi. Avec 52 années dans la cité saint Louis à son actif dont 40 en tant qu’élu, le natif de Nîmes vous emporte avec de savoureuses anecdotes dans le Poissy des années 70, qui compte alors 30 000 habitants et dont la place de la République est un parking.
DES MOISSONS DE CHÂTAIGNES AUX MOIS SANS SOLEIL
Une ville qu’il découvre avec son épouse Marie-Jeanne « par hasard» en 1971 après une année parisienne à l'École nationale supérieure des postes et télécommunications (ENSPTT) : « Nous avions un week-end pour choisir mon lieu d’affectation et Poissy, proche de la forêt, de l’autoroute et de Paris a eu nos faveurs. » L’acclimatation n’est pas évidente pour les deux jeunes mariés, amis dès l’âge tendre sous le généreux soleil du village de Chamborigaud près d’Alès, où les vacances étaient rythmées par les moissons de châtaignes, de cèpes et les dégustations de fromage de chèvre : « Nous sommes arrivés en novembre dans un appartement situé au 7e étage derrière l’église Sainte-Anne dans le quartier du Clos d’Arcy et avec la brume, nous n’avons pas vu le pied de l’immeuble du week-end. »
L’AVENTURE DU TÉLÉPHONE
Mais les nuages se dispersent rapidement. L’inspecteur des PTT a le vent en poupe avec l’élection en 1974 du nouveau président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, décidé à apporter le téléphone dans chaque foyer. Aussi, l’arrivée de son premier enfant permet à Georges Monnier de rencontrer son futur grand ami et collègue au sein du conseil municipal : le docteur accoucheur Vincent Richard Bloch qu’il rejoint comme adhérant au Parti Républicain, membre de l’UDF.
BEAUREGARD, PREMIER DÉFI
Le 6 mars 1983, la liste de Jacques Masdeu-Arus soutenue par les deux amis domine de 60 voix celle du maire communiste Joseph Tréhel au 1er tour de l’élection municipale, permettant à Georges Monnier d’entamer sa longue carrière d’élu. Une aventure qui va démarrer tambour battant : « Deux semaines après l’élection, le maire me demande de m’occuper du centre social de Beauregard, une maison de quartier gérée par des partisans communistes. Les trois premières années ont été très dures. Je me suis parfois retrouvé les pneus crevés, entouré et copieusement chahuté par 40 personnes. Mais au cours de mes 25 années là-bas, nous avons pu proposer de nombreuses choses aux habitants : un club informatique, des sorties, du soutien scolaire… De vrais changements ont été opérés. A mon arrivée, il n’y avait aucune jeune fille, comme s’en était émue Simone Veil (ministre de la Santé à l’initiative de la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse) lors d’une visite. Il a fallu faire changer les mentalités et nous avons réussi à les faire venir et à les faire participer à des activités mixtes. »
« AIDER LES GENS »
Et c’est précisément la motivation de ce père de deux fils qui lui ont offert trois petites-filles : « A mes débuts, je ne me représentais pas bien la fonction d’élu. J’avais des convictions et je voulais participer. J’ai rapidement réalisé que je le faisais pour améliorer la vie des gens, leur donner du bonheur. Même si on se fait souvent engueuler, c’est un vrai plaisir d’échanger avec les Pisciacais et une énorme satisfaction de les aider et d’embellir la ville. »
L’AMOUR DE LA TECHNIQUE
Un thème sur lequel l’ancien pensionnaire de la faculté de sciences de Montpellier a sérieusement œuvré : « J’ai toujours rêvé d’être professeur de mathématiques. J’adore ce qui est technique. A partir de 1989, j’ai commencé à faire de la voirie. A l’époque cela comportait également l’éclairage, l’assainissement et les poubelles. J’adorais ça. J’ai besoin de bouger et il fallait aller sur les chantiers, discuter avec les entrepreneurs. Et il y avait tellement à faire avec l’essor de la ville. Puis les délégations se sont multipliées au fil des années et des mandats. J’ai fait de l’urbanisme, on a rénové le Théâtre, déplacé les ateliers municipaux de l’avenue du Maréchal Foch au Technoparc, créé la gare routière nord. »
La défaite aux élections municipales de 2008 n’ébrèche pas la détermination de ce passionné de cyclisme qui a longtemps dévoré les kilomètres chaque dimanche : « Durant ces six années dans l’opposition, nous avons été partout et sans cesse. Cette période a été très dure, parfois tendue. Mais nous avons continué de beaucoup discuter avec les gens et de suivre chaque dossier de près. »
SUR TOUS LES FRONTS
Après l’élection en 2014 de son candidat, Karl Olive, Georges Monnier redevient en charge de la voirie, des bâtiments, des marchés publics et des commissions de sécurité. Autant passionné par ces sujets que désireux d’aider, Georges Monnier est également aujourd’hui vice-président de Valoseine (syndicat intercommunal ayant à sa charge le traitement, l’élimination, et la valorisation des déchets ménagers de 22 communes), du Sivom (Syndicat intercommunal à vocations multiples) et président du Siarh (Syndicat Intercommunal d’Assainissement de la Région de l’Hautil) « mais aussi, comme je suis un peu maso, de mon conseil syndical de copropriété », glisse-t-il en souriant.
L’expérimenté élu n’a pour autant jamais visé plus haut : « D’une part, tout au long de ma carrière, mon travail m’a beaucoup plu. D’autre part, je me suis toujours bien entendu avec les équipes avec qui j’ai œuvré pour la Ville et elles ont toujours été très compétentes. Ainsi, malgré les moments difficiles, je n’ai jamais eu d’autre ambition que d’aider les gens et la ville et je n’ai jamais songé à abandonner. » Une abnégation et une longévité que celui qui a fêté ses 40 ans de mandat le 6 mars derniers doit aussi au soutien de ses proches : « Après ces 40 années pendant lesquelles j'ai été très occupé par mes activités à la mairie, je voudrais rendre un très grand hommage à ma famille, à mes deux fils et surtout à mon épouse. Pendant toutes ces années elle m'a accompagné, aidé, soutenu et parfois supporté. Un très grand merci à Marie-Jeanne ! »
LA DERNIÈRE DANSE
Georges Monnier, qui a soufflé ses 79 bougies le 29 mars 2023, pourra toutefois bientôt profiter au maximum des siens puisqu’il compte raccrocher son écharpe en 2026 au terme de son septième mandat : « J’aurai 82 ans, il sera temps de passer la main. Même si je resterai toujours attentif à ce qu’il se passe dans cette ville qui m’a tant apporté. » Et à qui il a tant apporté en retour.