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Portrait
Rima Ayadi soigne le chaos par le KO
Depuis quelques semaines, la championne de boxe Rima Ayadi a élu domicile à Poissy. L’occasion de découvrir de plus près le fabuleux destin de celle qui défendra sa ceinture WBA continentale le 19 février aux Mureaux avec les JO dans un coin de la tête.
Avis aux scénaristes en panne d’inspiration, la folle ascension de Rima Ayadi vers les sommets de la boxe a de quoi copieusement garnir script et salles de cinéma. En seulement six ans de carrière, la boxeuse poids super-plumes de 32 ans, arrivée à Poissy en novembre, a enchaîné d’étourdissants succès aux saveurs rehaussées par l’improbable chemin emprunté.
En 2016, la Parisienne est chauffeur Uber la nuit et serveuse le jour. Alors qu’elle « traverse une épreuve difficile » et souhaite perdre du poids, un client, coach de boxe thaï, l’invite dans sa salle. Elle qui « n’aime pas le sport » se frotte au sac de frappe et c’est « le coup de foudre ». Rima enchaîne les entraînements, dévore des vidéos et rêve de compétition. Sa force de persuasion lui ouvre les portes du club de boxe anglaise d’Aubervilliers, fabrique à championnes. Sous la houlette de Said Bennajem, deux mois seulement après sa première séance, elle triomphe lors du challenge « Premier Round », théâtre de baptêmes du feu. Au cours de cette même année, elle perd 20kg et remporte ses quatre duels. En 2017, son coach l’inscrit aux championnats de France où le sélectionneur national la repère. En décembre 2019, Rima, désormais au club BAM L’Héritage des Mureaux, réalise son rêve de passer professionnelle. Dans des salles prestigieuses, de Deauville à Levallois, la protégée d’Abadila Hallab signe trois succès de suite.
Objectif Paris 2024
Des débuts fracassants stoppés net par le Covid: « J’avais tout stoppé pour la boxe. C’est la dépression. Je n’ai plus de quoi mettre de l’essence pour aller à l’entraînement. Je ne vois pas d’autre issue que d’arrêter. » Epaulée notamment par l’une de ses soeurs, Rima enfile le costume de promoteur de boxe et en un mois trouve 15 000 euros pour réaliser son rêve. Le 19 décembre 2020, elle domine l’expérimentée Marina Sakharov et devient championne de France, son « plus beau souvenir ». Toujours plus gourmande, Rima parvient ensuite à récolter 30 000 euros et organise le combat pour la ceinture WBA continentale qu’elle remporte aux dépens de la Bosniaque Pasa Malagic le 3 avril 2021. Le 30 octobre, c’est la Vénézuélienne Ana Maria Lozano qui fait les frais d’Ayadi lors de la défense de ce titre.
Elle espère bientôt remettre sa ceinture en jeu ou s'attaquer au championnat d'Europe EBU. Des étapes qui doivent lui permettre de poursuivre son odyssée vers des aventures plus folles encore. Dans le viseur, un championnat du monde et les Jeux olympiques de Paris en 2024. Après quoi, elle pourra raccrocher les gants : « Je n’accepterai pas de redescendre après avoir été si haut ».
Aussi, Rima a d’autres rêves que d’empiler les ceintures. En juillet 2021, elle a ainsi créé l’association « Premier Round » dont l’objectif est d’« attraper le public décroché et le ramener vers le terrain professionnel grâce à la rigueur et l’estime de soi qu’apportent le sport ». Voilà qui promet de jolis happy-ends.
Eudes Bernstein, un prodige du saxo
Saxophoniste brillant au parcours académique impeccable et aux inspirations multiples, le Pisciacais Eudes Bernstein a sorti son album “Spirales“ en novembre 2021.
Avec la réalisation de son album, Spirales, au sortir du conservatoire de Paris, le saxophoniste pisciacais Eudes Bernstein a tourné une page de sa (jeune) vie. Celle d’un étudiant au parcours brillant débuté au conservatoire de Poissy : « Je suis d’une nature casanière, alors je ne suis pas allé très loin », sourit celui qui a grandi dans l’île de Migneaux, avec des parents musiciens amateurs (violoncelle pour le père, hautbois pour la mère) qui lui ont transmis leur passion et le goût du partage.
En suivant l’atelier découverte au conservatoire de Poissy, Eudes Bernstein opte pour le saxophone plutôt que pour le violon ou le violoncelle. Doué, il poursuit sa formation dans une classe à horaire aménagée à Saint-Germain-en-Laye, intègre le conservatoire régional de Paris puis de Versailles afin de préparer son entrée au conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. « Plus je travaillais, plus je progressais et plus je faisais des choses stimulantes artistiquement, résume Eudes. Je me suis dit que je pouvais essayer de devenir musicien professionnel. »
Le concours réussi, le Pisciacais découvre « un lieu foisonnant de talents, d’activités. Je suis sorti avec un master de saxophone, en soi le diplôme le plus inutile du monde, sourit-il. On progresse, on obtient des résultats mais a posteriori ce n’est pas forcément le plus important. Si tu t’ouvres, si tu vas vers les autres, tu en sors plus riche. On devient un artiste. »
Cette soif de découverte et d’échange, le lauréat des concours d’Osaka et de la Fnapec l’a mise en pratique en multipliant les projets et collaborations : création du quatuor de saxophone Niobé et du trio Dämmerung (sax, violon, piano), concerts avec les orchestres Colonne, Pasdeloup ou encore Prométhée… « Je déteste jouer seul même si je l’ai déjà fait en concert, glisse-t-il. Ce que je préfère c’est jouer avec les autres, partager. » Celui qui écoute plus Kendrick Lamar et Billie Eilish que du classique, s’est aussi essayé à la création vidéo, aux comédies musicales, à la fanfare de rue et est devenu professeur au conservatoire d’Aulnay.
Alors quand en juin 2019, il obtient une bourse de la Fondation Banque Populaire, il se lance dans un nouveau défi : sortir un disque : « Je n’y avais jamais pensé avant. Je l’ai envisagé comme un disque de fin d’étude mais aussi un miroir : il reflète ma façon de jouer, de penser la musique. » Sur le thème du temps, Eudes Bernstein, qui a convié cinq de ses amis, mélange les cultures musicales avec une tonalité « un peu féérique, hors du monde. » Voulant réaliser « un bel objet d’art » il soigne la sortie de l’opus avec un concert à la Scala de Paris le 8 octobre et un clip pour lequel il est revenu sur les traces de son enfance, du manège de la place de la République au studio de danse de Jean Guizerix, son voisin, sur l’île de Migneaux.
Depuis, les projets se sont multipliés, aussi divers que variés : programme de concert sur des compositeurs viennois du XXe siècle, spectacle créé avec Matteo Francheschini en octobre 2021, préparation d’une pièce rock avec Jonathan Pontier qui sera joué en juin à La Scala de Paris… Eudes Bernstein est loin d’avoir fini d’explorer les univers musicaux qui s’ouvrent à lui.
Crédit photo : Jean-Baptiste Millot
Sandrine Felquin, de "Yamakasi" aux palmes académiques
La principale du collège des Grands Champs a reçu cet été les palmes académiques : une distinction récompensant son action dans l’établissement pisciacais et qui couronne une carrière pourtant peu académique.
Une frustration terrible nourrit parfois une volonté de fer et de faire. Pour Sandrine Felquin, la fracture de ses deux poignets à 17 ans alors qu’elle était gymnaste de haut niveau marque un tournant et le début d’un parcours bien peu académique dans le monde de l’enseignement : « Je vivais à fond ma passion, se souvient celle qui est devenue principale du collège des Grands Champs en 2018. J’ai été plus que frustrée quand tout s’est arrêté et c’est pour ça qu’encore aujourd’hui je suis très vigilante quand une passion s’arrête pour un enfant. Dans mon cas, les études sont devenues un refuge et je suis devenue une excellente élève. » A 20 ans, elle devient conseillère principale d‘éducation mais prend très vite une autre direction après sa rencontre avec un groupe de cascadeurs : « Grâce à mes années de gymnastique, ils ont vu que j’avais le niveau et j’ai commencé à travailler avec eux. Puis j’ai été embarqué par Cyril Raffaelli pour un clip. » La suite, c’est une dizaine d’année passée à arpenter les plateaux de cinéma, de télévision ou de publicité en tant que cascadeuse : Yamakasi, La Mémoire dans la peau, Le juge est une femme…
Pas de crainte de l’inconnu
A 33 ans, elle met fin à cette deuxième vie : « On vieillit plus vite dans ces métiers-là », souffle Sandrine Felquin. Elle décide alors de reprendre les études à Sciences Po pour préparer le concours d’entrée à l’École nationale d’administration (ENA), avant de renoncer : « J’étais persuadée de vouloir le faire mais je me suis rendue compte que j’avais plus besoin d’être sur le terrain », constate celle qui affirme ne pas « avoir de crainte de l’inconnu. Ça ne me dérange pas de bouger, d’essayer de nouvelle choses ». Nouvelle illustration en 2007 : enceinte, elle passe le concours de chef d’établissement et démarre son nouveau travail, à Beaumont-sur-Oise, avec un enfant de trois mois. En 2018, elle arrive, presque par hasard au collège des Grands Champs, alors qu’elle ne connaît ni la ville, ni l’établissement. « Mon fils Gavril joue au PSG, et s’entraîne au Camp des Loges. Je cherchais donc à nous rapprocher. » Les débuts sont « compliqués. On repartait de zéro, avec une nouvelle équipe administrative. Mais les professeurs ont toujours été investis, à l’écoute des élèves. Aujourd’hui, la situation me semble apaisée. » La multiplication des actions y est certainement pour quelque chose. Des projets autour du sport, la citoyenneté, l’égalité homme/femme, le théâtre, le développement durable, le secourisme ont vu le jour. Et depuis la rentrée 2021, Les Grands Champs ont intégré le réseau Cités éducatives ce qui permet de développer de nouveaux programmes dans le cinéma ou avec le conservatoire. « Les élèves tirent profit de cette offre éducative riche, pense Sandrine Felquin. On ne le voit pas forcément immédiatement en termes de résultats scolaires mais sur l’attitude, le climat scolaire, les changements sont indéniables. Mais je sais que tout reste fragile. »
Cet été, la principale a reçu les palmes académiques : une distinction quelle voit comme « une reconnaissance de l’investissement des équipes sans qui je ne saurai rien faire. Et plus personnellement, ça a une résonance particulière : il s’agit de ma première médaille depuis mes années de gymnastes ». La boucle est bouclée.
Thomas Noblat, de l'auto-édition à la librairie du Pincerais
Le 27 novembre, Thomas Noblat sera à la librairie du Pincerais. Non pas comme un client qu’il est d’ordinaire mais en tant qu’auteur. Le Pisciacais y dédicacera ses ouvrages “Les Armes de la Folie“, “Le Projet Met-Al“ et “Prêts à tout“ que les lecteurs peuvent trouver en vente dans la boutique : « Faire une dédicace au Pincerais, c’est génial, sourit ce papa de trois enfants. J’y ai acheté des tonnes de livres alors y voir les miens, c’est incroyable. »
Ses livres, auto-édités, racontent les aventures de Simon Critchley, qui vit lui aussi à Poissy : « A travers ses enquêtes j’aborde successivement les attentats de novembre 2015, le nucléaire et le poids et la place des pesticides en France, détaille Thomas Noblat. Mais je ne voulais pas seulement écrire des livres policiers : j’attache beaucoup d’importance aux personnages, aux liens entre eux, à leurs réactions, aux rebondissements, aux intrigues secondaires. »
De formation scientifique, cet inspecteur de l’environnement s’est construit sa propre méthode pour écrire : « J’imagine l’intrigue mais la fin ne vient pas tout de suite. Je cherche des solutions, certaines ne me conviennent pas et je recommence. Puis une fois l’histoire en place, je passe à la phase d’écriture proprement dite. » Au fil des livres, le néo-auteur affine le style : « Il y a une évolution je pense. Aujourd’hui j’écris plus naturellement, j’ai sans doute plus confiance et j’assume le fait d’avoir envie d’écrire. »
Une envie qu’il continue de suivre puisqu’un 4e tome est en cours et pourrait être terminé le 27 novembre pour la dédicace au Pincerais.
Bac mention très bien en poche, Rose accélère encore
La Pisciacaise Rose-Rebecca Nassar a obtenu son bac avec une moyenne de 18,61, mention très bien et félicitations du jury. Toujours décidée à devenir pédiatre, la jeune fille de 18 ans tient une cadence encore plus effrénée aujourd’hui.
Il y a trois ans, la rédaction du Pisciacais échangeait avec Rose-Rebecca Nassar après sa performance au brevet. L’élève de Notre-Dame de Poissy avait engrangé 800 points sur 800. Depuis, deux choses ont changé. Le Pisciacais est devenu #Poissy et le grand sourire de Rose est souvent dissimulé derrière un masque. Pour le reste, la jeune fille de 18 ans est toujours aussi brillante et travailleuse.
En juillet dernier, l’élève du lycée Saint-Érembert (Saint-Germain-en-Laye), a décroché son bac avec 18,61 de moyenne, mention très bien et félicitations du jury. Le tout en préparant déjà la suite. Rose, qui rêve toujours de devenir pédiatre, occupait son temps libre par 3 heures de piano par semaine et l’étude de la génétique.
Cet été, dix jours au Liban, d’où sont originaires ses parents lui ont permis de souffler en compagnie des siens et de délicieux plats maison.
« J’étudie de 9h à 23h »
Désormais à l’Université de Paris en Parcours accès santé spécifique (Pass), elle a dû encore aménager son planning : « Je dors 8h chaque nuit, puis j’étudie de 9h à 23h. Je déjeune le midi et me repose le samedi soir, puis grasse mat’ le dimanche matin ». Passionnée, la jeune Pisciacaise tient le coup. « Ce que nous apprennent les professeurs, c’est génial », confie-t-elle des étoiles plein les yeux. Et pour tenir le rythme, Rose a emménagé dans une chambre de 10m2 à Paris et rentre seulement le week-end à Poissy.
Sa maman a mis son activité professionnelle entre parenthèses et enchaîne les allers-retours pour soutenir sa fille avec notamment de bons petits mezzés libanais. Mais avant de reprendre une assiette de falafels, Rose a chimie et biologie moléculaire au menu cet après-midi. Un esprit sain dans un corps sain.
Thierry Jaillant, toujours les maux pour rire
Publié en avril dernier, le dernier roman de Thierry Jaillant, « Mouche pas… c’est moi », connaît un joli succès. Rencontre avec ce Pisciacais toujours aussi bosseur et pétillant malgré la maladie qui le ronge.
Fauteuil roulant customisé Harley Davidson, boucle d’oreille, veste noire, humour décapant et passants qui l’abordent toutes les deux minutes. Pas évident d’intégrer que Thierry Jaillant souffre de la maladie de Charcot-Marie-Tooth depuis 1998. Le corps médical, d’ailleurs, peine également à le croire : « Les médecins sont déconcertés quand ils voient mes analyses aussi négatives ».
Et pourtant, derrière le large sourire se cache de terribles souffrances : « Je sens de moins en moins mon corps. Je suis enfermé dans une carcasse. Les muscles partent, je pars. Mais je vis dans le déni le plus total de la maladie. Le travail est un traitement antidouleurs. »
En effet, son état de santé, l’homme de 57 ans l’évoque très succinctement, préférant parler de ce qu’il réalise. Et il y a de quoi faire. Celui qui fut un pionnier de la micro-informatique dans les années 80, puis pianiste de renom, intronisé dans le « Who’s Who des professionnels » à Los Angeles en 2001, enchaîne désormais les livres.
« J’ai rencontré mes personnages »
Lâché par sa main gauche en 2003 en plein concert à Londres, à l’aube d’une grande tournée, le Pisciacais a rapidement repris le rythme. Ses mains notamment n’ont pas beaucoup de répit. Il a ainsi troqué piano et moto contre pinceau, guitare et stylo. En 2005, il raconte ses rendez-vous médicaux dans un carnet, qui se transforme en autobiographie. Quelques années plus tard, des amies l’envoient à une maison d’édition qui publie « Enfer… Et contre tous » en 2018. « L’écriture est quelque chose d’assez nouveau pour moi. Je ne suis pas un écrivain, je raconte simplement des histoires », confie Thierry Jaillant qui a tout de même suivi des cours d’écriture de scénarios durant trois ans.
En 2020, il sort un premier roman « Mes amis, mon amour… que d’emmerdes ». Après avoir pris note des critiques, il enchaîne avec « Mouche pas… c’est moi », publié en avril dernier aux éditions Saint Honoré : « C’est une aventure humaine, avec un langage moins parlé cette fois-ci. » On y retrouve plusieurs personnages truculents du premier roman. « Les gens les trouvent parfois trop extravagants mais je les ai rencontrés, ils existent vraiment et ils sont ainsi », se défend Thierry Jaillant. Et il maîtrise particulièrement bien l’un d’entre eux : le personnage principal, Max Haubar, dit « le biker », dont le destin a été bouleversé par un accident de moto. Un personnage aux deux vies, à l’instar de son créateur.
« Si je ne rigole pas, je recommence »
Nouveau style, scénario bien ficelé, vécu mais aussi une grosse dose d’humour parmi les ingrédients : « Les gens sont moroses en ce moment, je veux écrire des livres distrayants. C’est un polar humoristique. Je rentre dans mon histoire, je rigole de mes bêtises et si je ne rigole pas, je recommence le chapitre. » Et la recette plaît. Le livre de 492 pages se retrouve mis en avant par la Fnac et Cultura.
Ce stakhanoviste « se réjouit d’avoir passé un cap et d’être lu ». Mais pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers. Thierry Jaillant, réveillé chaque matin à 7h, peint énormément, « avec des pinceaux de chez Bricorama, qu’il ébouriffe pour un rendu 17e, 18e siècle », joue de la guitare 30 minutes par jour pour endiguer le raidissement de ses doigts, et son troisième roman dont il a déjà écrit la moitié et dans lequel « il ose un truc assez fou », est attendu en début d’année prochaine.