Il y a parfois des rêves qui vous poursuivent longtemps. Rémi Devilleneuve aura attendu une quinzaine d’années avant que le sien prenne forme avec une participation aux 100km de Millau, en 2018. « Quand j’étais pompier volontaire à 20 ans, un gars s’était mis en tête de courir un 100km, se remémore le Pisciacais aujourd’hui âgé de 41 ans. Je le prenais pour un fou mais en même temps cela me fascinait. Quand il l’a terminé, j’ai compris que c’était possible. » Pour autant, Rémi Devilleneuve reste pour un temps un simple « coureur du dimanche. Ce n’est que progressivement que j’ai augmenté la distance » jusqu’à prendre le départ des 100km de Millau, bouclés en 11h. Une réussite qui ne lui donne qu’une envie, recommencer : il enchaîne les trails en repoussant toujours les limites, participant au raid ultra-marin autour du golfe du Morbihan (177km) en 2019 et en s’alignant au départ de la Diagonale des Fous (165km, 10 000 mètres de dénivelé positif) ce jeudi 20 octobre à La Réunion.
"Je planifie les scénarios"
Pour se préparer, le dossard 2 111 a enchaîné les séances d’entraînement, y compris en montagne, avec la volonté de contrôler au maximum les événements : « Courir un ultra trail demande de l’organisation, de la préparation, de la nutrition, du matériel : je planifie les scénarios, je me pose 1 000 questions. Mais ce n’est pas un problème car je fonctionne comme ça pour tout », sourit l’ingénieur de formation qui cumule les casquettes : marié et père de trois enfants, patron d’une entreprise de prévention des risques et bénévole au sein de la réserve communale de sécurité civile.
Mais comme le mieux est parfois l’ennemi du bien, le sportif pisciacais s’est blessé au mollet au cours d’un trail de préparation début septembre. Pas de quoi le faire renoncer à la Diagonale des Fous même s’il avoue « un vrai stress avant le départ. Je compte sur l’expérience accumulée pour gérer la blessure et surtout sur mon mental. C’est lui qui me permet d’avancer quand mon corps dit non. Je trouve le petit supplément d’énergie pour aller plus loin dans les paysages, un coup de vent qui rafraîchit, dans un encouragement, une musique… ça nourrit mon envie d’avancer. Il n’y a que dans l’ultra que je retrouve ça, c’est dur à exprimer. »
Son aventure réunionnaise, le quarantenaire envisage de la partager « peut-être en allant dans une école, ou avec les enfants de l’Académie Initiation Sport où mes petits sont allés. On ne sait jamais, on peut planter une graine qui grandira plus tard. » Et ira courir un jour, pourquoi pas, dans les cirques majestueux de La Réunion.