Il y a quelques semaines, la rivalité entre des jeunes de Poissy et Carrières-sous-Poissy a franchi un cap avec des affrontements et une intrusion dans l’enceinte de la cité scolaire Le Corbusier et du centre social André-Malraux. Depuis, des mesures ont été prises et la tension est retombée. C’est pour faire le point sur ces événements et dresser le bilan des actions menées pour les résoudre qu’un Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CLSPDR) exceptionnel a été organisé ce jeudi 28 novembre à l’Hôtel de Ville de Poissy. Il réunissait tous les acteurs du territoire qui pouvaient apporter leur éclairage sur la situation : le maire Karl Olive et son homologue de Carrières-sous-Poissy Christophe Delrieu, le sous préfet Philippe Grauvogel, le délégué du préfet Philippe Pradère, les Polices nationale et municipale, les chefs d’établissement secondaires de Poissy, des représentants de Transdev et de la SNCF, les centres sociaux et les maisons de quartier de Poissy, le conseil citoyen de Beauregard.
« La tension semble retombée, a constaté le maire Karl Olive, mais tout reste fragile et nous devons tout mettre en œuvre pour prévenir un retour des violences. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous parviendrons à arrêter cette situation. Cette réunion va permettre de découvrir la variété des dispositifs qui ont été mis en place et va sans doute nous donner des idées pour renforcer les partenariats entre les différentes structures. La sécurité est l’affaire de chacun, la Ville seule ne pourra jamais régler ces questions. »
« Ces conflits territoriaux remontent à plus d’un an, estime Christophe Delrieu, le maire de Carrières-sous-Poissy. Mais avec l’intrusion dans un établissement scolaire une limite a été franchie que nous ne pouvons pas accepter. La mobilisation de tous les services a été je crois efficace. Mais il existe un point à améliorer, celui de l’information. Nous devons améliorer la communication entre les parties prenantes dans ce dossier et réfléchir à un dispositif d’alerte. »
« Il est important de prendre à bras le corps ce sujet qui doit faire l’objet d’actions dynamiques, a préconisé le sous-préfet Stéphane Grauvogel. Il faut à la fois être dans la prévention et dans la fermeté. Il y a ici toutes les compétences pour trouver des solutions pragmatiques. »
Outre des actions de médiation, les solutions immédiates ont été le déploiement de forces de l’ordre aux abords des établissements scolaires et de certains points stratégiques comme la gare de Poissy ou le quartier Beauregard. « Le rôle du Centre de supervision urbain a été très important dans ces opérations, a insisté le commandant Zanardelli de la Police nationale. Aujourd’hui, ces efforts semblent porter leurs fruits mais nous restons vigilants. » « Ces images ne peuvent être utilisées par la Police nationale que s’il y a un dépôt de plainte qui permet leur réquisition, a rappelé Franck Marone, le chef de la Police municipale pisciacaise. Elles ont notamment été très utiles lors des intrusions au Corbusier et au centre social André-Malraux. »
Les réseaux de transport bénéficient eux aussi de vidéoprotection qu’il s’agisse de la SNCF dans la gare ou de Transdev dans ses bus. Lors de la période de tension, Transdev avait aussi fait appel à son équipe de sûreté nouvellement créée. « Nous faisons en sorte qu’ils soient visibles et nous agissons en fonction des alertes que nous recevons des forces de l’ordre ou des établissements scolaires », a indiqué Marie-Christine Perrotin de Transdev.
L’Education nationale a également déployé des moyens en faisant appel à des personnels du centre académique d’aide aux écoles et aux établissements pour assurer la sécurité dans les établissements concernés. Un réseau de discussion sur internet s’est aussi mis en place pour que les équipes échangent des informations sur l’état d’esprit des élèves.
Les lycées sont aussi équipés de caméras (32 au Corbusier, 22 à Adrienne-Bolland) dont les images peuvent être utilisées par la Police nationale. Le collège des Grands Champs est lui en phase d’expérimentation : 11 caméras ont été installées par le Conseil départemental. Elles sont reliées à un centre de supervision départemental intercommunal à Versailles qui signale tout mouvement suspect.
Pour Laurent Fouillard, le proviseur de la cité scolaire Le Corbusier, « l’ambiance est aujourd’hui plus sereine. Je remercie les Polices municipale et nationale de leur présence lors des sorties de cours ce qui a permis de retrouver du calme aux abords de l’établissement. Je suis heureux que les actions entreprises aient porté leurs fruits mais il faut désormais travailler de manière encore plus importante sur la prévention avec toutes les équipes éducatives, sociales, de santé et les autres acteurs de proximité comme le centre Malraux. Le rôle de l’éducation nationale avec les jeunes en difficulté est de leur trouver une formation qualifiante et diplômante. Mais nous devons aussi trouver des relais pour que des entreprises acceptent de les prendre. »
Pour conclure la réunion, le maire Karl Olive a soulevé la question de la réponse judiciaire a apporter : « Elle doit être à la hauteur des incivilités commises, avec une application réelle des peines. Sinon, nous ne pourrons pas avancer. »