A quelques jours du lancement de la consultation numérique locale sur l’avenir de la prison en centre-ville, qui se déroulera du 1erau 16 juin, une réunion d’information était organisée par la Ville ce lundi 27 mai. Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées au théâtre de Poissy pour cette soirée d’échanges qui a permis de rappeler le contexte de la consultation citoyenne, l’urgence d’envisager le déménagement de la Maison Centrale au lendemain de l’effondrement d’une partie de son mur d’enceinte, mais aussi de préciser les modalités du vote numérique ainsi que les pistes de réaménagements envisagées pour ce site central, en s’appuyant sur plusieurs exemples de réhabilitations réussies.
A l’invitation du maire de Poissy Karl Olive, c’est ainsi François de Mazières, édile de Versailles qui a ouvert la soirée pour présenter la restauration exemplaire de l’Hôpital Richaud. Situé lui aussi en centre-ville, l’ancien hôpital royal du XVIIIe, délaissé durant de nombreuses années, a pu renaître grâce à l’impulsion de la municipalité. Il accueille aujourd’hui, entre autres un espace culturel et des jardins publics rendus aux Versaillais. « Il faut s’imaginer que tout cela était en ruine, a souligné le maire de Versailles. Mais nous avons réussi à valoriser le terrain à recréer des espaces verts, à intégrer un espace culturel sous une coupole exceptionnelle. Il a fallu six ans pour l’opérateur, ce qui est rapide, et aujourd’hui, c’est un lieu essentiel de la vie de Versailles »
La soirée s’est poursuive avec un historique de la Maison Centrale de Poissy. La prison vieillissante, dont une partie du mur d’enceinte extérieur s’est écroulé le 28 mars dernier, est installée depuis 1821 dans un ancien couvent du XVIIe siècle. Un effondrement qui n’est malheureusement pas une surprise comme l’a rappelé le maire Karl Olive, évoquant les multiples contrôles et courriers pointant du doigt le délabrement de l’édifice depuis 2014. L’administration pénitentiaire a été alertée de longue date par la Ville sur l’état de vétusté avancé de l’établissement. Des alertes restées sans suite. « L’effondrement est inévitable si aucune action n’est entreprise », soulignait le cabinet Epsylon en septembre 2017. Ce scénario s’est finalement déroulé le 28 mars dernier ! Et aujourd’hui, la situation reste alarmante : les travaux de sécurisation des abords du mur effondré sont prévus pour durer de longs mois alors que l’enceinte continue de s’effriter rue des Prêcheurs.
De nombreuses personnalités politiques (Gérard Larcher, président du Sénat ; Valérie Pécresse, président de la Région Ile-de-France ; Pierre Bédier, président du Département des Yvelines ; Philippe Tautou, président de la communauté urbaine Grand- Paris Seine et Oise) et acteurs de terrain ont apporté leur soutien à la démarche de la Ville qui appelle depuis de nombreux mois au déplacement de la prison délabrée. Lors de la visite de la Ministre de la Justice Nicole Belloubet le 17 avril dernier, la municipalité renouvelait son souhait de voir la Maison Centrale déménager sur un autre site pisciacais. Le maire de Poissy rencontrera la Garde des Sceaux en juin pour lui faire des propositions.
Lors de la réunion d’information, Ambroise Kouby, représentant du personnel CGT, syndicat majoritaire à la Maison Centrale, a pris la parole pour témoigner à son tour de l’état de délabrement intérieur de la prison et demander son déménagement. « Nous avons peur un jour de ne pas pouvoir sortir en raison de la dangerosité des bâtiments. Avec les collègues, nous voulons travailler dans un lieu sécurisé et nous soutenons le projet de déplacement ».
La députée Florence Granjus a salué l’initiative d’une consultation numérique, et précisé lors de son intervention qu’elle avait adressé une question écrite au gouvernement, demandant à la Garde des Sceaux Nicole Belloubet comment seraient pris en compte les questions, préoccupations et le vote des Pisciacais concernant le déménagement de la Maison Centrale. « Je ne veux pas croire que la Garde des Sceaux ne soit pas à l’écoute des Pisciacais », a poursuivi le maire Karl Olive, remerciant la députée pour sa présence. L’élu s’est toutefois intrigué voire agacé du manque d’information dont a bénéficié la Ville ces derniers mois dans la gestion de la prison, citant en exemple la découverte dans la presse d'un projet de nouvelles places de prison à Poissy ou encore – lors de la visite ministérielle d’avril - qu’il était question de déclasser la Maison Centrale en centre de détention. Comme l’a rappelé Ambroise Kouby, un tel déclassement a des conséquences importantes en terme de sécurité, de dégradations des locaux et de nuisances pour les riverains.
Ce contexte posé, la soirée a aussi été l’occasion de parler de l’avenir. Pourquoi un déplacement ? Quelles perspectives pour le site de la Maison Centrale au lendemain de la consultation numérique ? A l’issue de celle-ci, si les Pisciacais souhaitent le déplacement de la prison, la Ville engagera dans les plus brefs délais une procédure d’emplacement réservé du site comme l’a annoncé Sandrine Dos Santos, adjointe à l’urbanisme et à la stratégie foncière. Cette procédure permettra de délimiter une zone dédiée à un projet d’intérêt général et d’empêcher tout autre construction par la suite. C’est dans ce cadre que la ville proposera dès lors dans les prochains mois aux Pisciacais plusieurs projets de réaménagement du site de la prison. Objectifs : redonner une vocation culturelle, patrimoniale et naturelle à l’ancienne abbaye du centre-ville.« Pas question de bétonner, a insisté le maire Karl Olive. Il y a suffisamment de logements à Poissy ».
Pour appuyer la démarche de la municipalité, l’opérateur Ogic est venu présenter deux projet de réhabilitation d’édifices patrimoniaux situé en cœur de ville. L’hôpital Richaud de Versailles, évoqué en début de soirée par le maire François de Mazières. « Une belle verrue que nous avons pu faire renaître et qui présente aujourd’hui un important intérêt urbain et patrimonial », a expliqué Guillaume Capitant, directeur général d’Ogic. Puis la prison Saint-Joseph de Lyon. « Cet exemple est celui qui se rapproche le plus de votre projet pour la Maison Centrale puisqu’il s’agit d’une prison du XIXe siècle qui accueille aujourd’hui l’Université catholique de Lyon. »
Les enjeux et perspectives posées, la réunion s’est concentrée sur la consultation numérique citoyenne qui débute le samedi 1erjuin. Dans l’esprit de concertation qui anime sa politique depuis 2014, la Ville a souhaité impliquer les premiers concernés par le déplacement de la Maison Centrale, les Pisciacais, en organisant ce vote numérique inédit. Du 1erau 16 juin, les administrées pourront répondre à la question “Souhaitez-vous le maintien de la prison en centre-ville de Poissy ?”, via l’application Le Vote. Guillaume Odriosolo, chef de projet Le Vote chez Orange, a présenté l’appli développée pour les collectivités, très simple d’utilisation, comme l’a démontré le test proposé en direct. Pour participer, il suffit de télécharger l’application gratuite sur Google Play et App Store depuis vos smartphones et tablettes et de répondre à la question posée. Par ailleurs pour les Piscaicais qui ne disposeraient pas des ouitls numériques adéquats, des tablettes seront mises à disposition dans les lieux publics de Poissy et un stand d’information organisé sur le marché du centre-ville dimanche 2 juin de 9h à 12h.
Retrouvez la
target="_blank" rel="noopener">vidéo de présentation de l’application Le Vote.Le vote,
target="_blank" rel="noopener">mode d’emploi en vidéo.A l’issue de la réunion, le maire Karl Olive a répondu aux questions de l’assemblée et précisé que la Ville s’en tiendrait à la décision des Pisciacais. « Nous, en tant que Ville, nous avons décidé de prendre nos responsabilités en appelant au déménagement de la prison, mais après ce sont les Pisciacais qui nous dirons s’ils veulent garder ou non un centre détention en cœur de ville. S’ils souhaitent son déplacement, alors avec Sandrine Dos Santos nous inscriront le site en emplacement réservé et nous lancerons rapidement des appels à projets. Nous sommes dans le concret, pas dans le virtuel. C’est une opportunité unique pour notre ville, tout comme l’a été l’arrivée du PSG, le projet de musée Le Corbusier. Il faut saisir cette opportunité pour l’avenir de notre ville. »
Les résultats de la consultation seront proclamés en Mairie dimanche 16 juin à 11h.
Retrouvez le numéro spécial consacré à la consultation numérique