Lundi 18 mars, de nombreux Pisciacais, élus, représentants des autorités et des différents cultes de la ville se sont rassemblés sur le parvis de la Mairie de Poissy à l’invitation de la municipalité pour une cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande.
Survenue le vendredi 15 mars, cette attaque terroriste dans deux mosquées a coûté la vie à 50 personnes et fait une vingtaine de blessés. Un acte effroyable qui a choqué le monde entier. La ville de Poissy a tenu à s’associer à l’émotion suscitée par ce terrible événement et témoigner de sa solidarité envers la communauté musulmane, visée par l’attentat, en organisant lundi 18 mars un rassemblement d’hommage aux victimes devant la Mairie, dans l’esprit de concorde qui anime la cité saint Louis.
« Nous sommes la paix. Athées, laïcs, musulmans, juifs, chrétiens, la paix avant tout ». C’est autour de ce message de tolérance que plusieurs centaines de personnes se sont réunies ce lundi devant l’Hôtel de Ville, dont les drapeaux étaient en berne pour saluer la mémoire des victimes. Sur les marches de l’Hôtel de Ville, le maire était entouré des élus du conseil municipal et du conseil municipal junior (CMJ), de personnalités dont le sous-préfet Gérard Derouin et le secrétaire général de la Grande mosquée de Mantes-la-Jolie et représentant du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines Soulaïmane Berka. Le président de l’association des musulmans de Saint-Exupéry Rida El Maakoul, le président du Collectif des citoyens musulmans de Poissy Mamadou Fainke, le rabbin Menachem Sarfati, le père Courtois, curé de Poissy, et Alain Boucher, président de l’association des Amis du Jardin de l’olivier, représentaient les cultes pisciacais.
« 19 000 kilomètres nous séparent de la Nouvelle-Zélande. Et pourtant aujourd’hui, nous sommes plus proches que jamais. Unis dans la peine que nous partageons avec les familles des victimes de l’attentat de deux mosquées à Christchurch. 50 personnes disparues, 50 victimes de plus, 50 victimes de trop et tant de vies brisées par la barbarie et l’obscurantisme. Ces personnes, c’étaient nos enfants, nos frères, nos sœurs, nos conjoints, nos amis… C’étaient surtout des êtres plein de vie, des innocents qui n’avaient pas de haine mais que la haine a massacrés. Nous sommes sous le choc », a déclaré le maire Karl Olive en introduction deson discours, le maire Karl Olive. «Rassemblés aujourd’hui à Poissy, nous voulons dire toute notre émotion au peuple néo-zélandais et à la communauté musulmane dans son ensemble. La meilleure réponse à cette barbarie, c’est d’affirmer quotidiennement dans nos actes et dans nos paroles notre attachement aux valeurs démocratiques de liberté et de laïcité. (…) Tout comme nous, les Néo-Zélandais pansent leurs plaies, rendent hommage aux victimes et se relèvent ensemble pour dire NON. NON à l’intolérance. NON à l’horreur. NON aux actes inqualifiables ! (…) Que les radicaux en soient bien conscients : l’intolérance, la haine et l’horreur ne régneront pas dans nos pays. Nous ne nous soumettrons jamais face à la violence et la terreur qu’ils cherchent à imposer. Nous leur opposerons toujours la dignité, la cohésion et l’esprit de solidarité qui nous animent. Comme ce soir. (…) Bien sûr, tous les rassemblements comme celui de ce soir sont symboliques. Futiles à côté de la violence vécue par le peuple néo-zélandais. Mais nous y tenons. Car ils sont aussi pour nous symboliques d’un peuple du monde uni dans l’épreuve, rassemblé pour démontrer que rien, non rien, ne déstabilisera la démocratie et la liberté. Tout ce qui nous rassemble est tellement plus important que ce qui nous divise. (…) Merci, du fond du cœur, à toutes et à tous pour votre présence ce soir. Et plus particulièrement à nos amis musulmans à qui je veux redire ici mon émotion, mon amitié et mon soutien. Indéfectible. Nous sommes la Paix. Nous sommes la République. Vive Poissy. Vive la République. Vive la France.
Retrouvez l'intégralité du discours du maire Karl Olive lors de la cérémonie d'hommage
A l’issue de la cérémonie, après avoir entonné la Marseillaise, le public était invité à venir déposer fleurs et bougies au pied des affiches disposées sur le parvis, en un geste d’hommage et de solidarité. Un moment de recueillement empli d’émotion.
Ils ont déclaré à la tribune
Rida El Maakoul, président de l’association des Musulmans de Saint-Exupéry.
« Une fois de plus, le terrorisme a frappé des innocents. 50 personnes ont trouvé la mort, assassinés lâchement, dans la mosquée, attendant la prière du vendredi. Des femmes, des hommes, des enfants. Le plus jeune avait 3 ans, le plus âgé 71 ans. Victimes de la barbarie d’un homme, d’une idéologie mortifère. Encore une fois, le terrorisme a démontré sa haine contre l’humanité et notamment qu’il n’a ni religion, ni couleurs ». Et de citer en exemple les déclarations de l’un des survivants de cet attentat qui a souhaité que son agresseur devienne un jour une personne généreuse, « une personne qui sauverait l’humanité plutôt que la détruire. Cette immense miséricorde nous invite à appeler nos concitoyens à ne jamais répondre à la haine par la haine, mais répondre au mal par le bien. Cet hommage, votre présence, votre soutien à la communauté musulmane est l’exemple même du vivre ensemble. Merci à tous, merci à M. le maire pour cet hommage et d’être le garant de la fraternité entre les communautés à Poissy. »
Soulaïmane Berka, secrétaire général de la Grande mosquée de Mantes-la-Jolie et représentant du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines.
« Merci du fond du cœur pour votre présence. A l’autre bout du monde, l’indicible, l’abject s’est exprimé. Et aujourd’hui nous devons regarder et comprendre pourquoi, pour des passions bassement humaines, nous prenons le soin de soustraire des vies à des personnes totalement innocentes. Qu’est ce que cette sauvagerie, cette atrocité ? Tuer c’est nier ce qui est au plus profond de nous même, rester des hommes. Je pourrai m’indigner, exprimer de la colère mais je veux en cela imiter l’exemple du peuple français qui il n’y a pas si longtemps a su faire preuve d’une tempérance, d’une compréhension, d’une intelligence collective qui honore ce pays. Tous, j’en suis persuadé, nous serons à la hauteur du défi civilisationnel qui se présente. Vivre notre vie de femmes et d’hommes libres qui acceptons nos différences en faisant du commun. L’on pourrait se séparer en faisant état des clivages. Mais nous sommes tous ensemble ici et nous poursuivrons dans ce chemin. Merci à tous »
Alain Boucher, président de l’association des Amis du Jardin de l’Olivier qui réunit les différents cultes de Poissy.
« Chers amis, encore une fois nous voici sur ce parvis pour dénoncer une ignoble tuerie dont cette fois-ci ont été victimes nos frère s musulmans. Les amis du Jardin seront toujours présents, chaque fois qu’un seul être humain sera assassiné à cause de sa foi. La Liste est malheureusement longue. Nous partageons et nous portons avec tous nos frères en humanité cette immense douleur. Non, la fraternité entre les femmes et les hommes de ce siècle ne serait être bafoué au nom d’une vision, d’une interprétation erronée ou d’un quelconque extrémisme d’où qu’il vienne. Je veux signifier à tous ces fous meurtriers que nous n’avons pas peur et que nous les vaincrons. Là où il y a la haine, que je mette l’amour, là ou il y a le désespoir, que je mettre l’espérance, là où il y a les ténèbres que je mette la lumière »
Gérard Derouin, sous-préfet de Mantes-la-Jolie
« Merci M. le maire pour cette initiative. C’est de victimes qu’il faut parler ce soir. Ce sont des innocents qui sont tombés et qui paient très chers la décision de fanatiques, de gens qui se distinguent uniquement par la violence, et qui agissent par ou a travers des pensées qui ne mènent nulle part sauf vers l’horreur. C’est absolument inqualifiable. Pour lutter face à ces horreurs, il faut s’en remettre au pacte républicain, aux préceptes qui sont les nôtres : La liberté, l’égalité et la fraternité. La liberté de pensée et de croyance, l’égalité un idéal, la fraternité, la solidarité nationale. Ces fondamentaux sont notre socle, ils nous protègent et nous obligent aussi à toujours plus de tolérance. Cultivons ensemble ce mot qu’est la tolérance, c’est la colonne vertébrale du vivre ensemble. »
Retrouvez les photos de la cérémonie et l'intégralité des discours en vidéo.