Discours du maire Karl Olive lors de la cérémonie d'hommage aux victimes de l'attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande, le lundi 18 mars sur le parvis de la Mairie de Poissy

« Ce soir, alors que la nuit ne va pas tarder à tomber sur Poissy, l’aube se lève à Christchurch. 19.000 kilomètres nous séparent de la Nouvelle-Zélande. Et pourtant aujourd’hui, nous sommes plus proches que jamais. Unis dans la peine que nous partageons avec les familles des victimes de l’attentat de deux mosquées à Christchurch. 50 personnes disparues, 50 victimes de plus, 50 victimes de trop et tant de vies brisées par la barbarie et l’obscurantisme. Ces personnes, c’étaient nos enfants, nos frères, nos sœurs, nos conjoints, nos amis… C’étaient surtout des êtres plein de vie, des innocents qui n’avaient pas de haine mais que la haine a massacrés. Nous sommes sous le choc. 

Terre d’accueil, la Nouvelle-Zélande est le foyer de toutes les confessions religieuses. Un melting-pot culturel qui fait sa fierté autant que son identité. Les valeurs humanistes porteuses de paix et de tolérance en Europe et dans le monde, garantissant les libertés, ont été à nouveau violemment attaquées, bafouées et humiliées. 

Vendredi, le terrorisme a pénétré dans des lieux de culte, deux mosquées à l’heure de la prière. Comme il l’avait fait avant dans des églises, des synagogues, des lieux de spectacle, des rédactions, des marchés et tant d’autres. Ce terrorisme aveugle n’a pas de religion, de foi, de loi. C’est à la fois la peste et le choléra. Ici et là-bas, ici comme ailleurs. Qui s’instille comme ce lundi matin dans un tramway à Utrecht chez nos amis néerlandais et qui assassine des innocents. Eternel recommencement.

Rassemblés aujourd’hui à Poissy, nous voulons dire toute notre émotion au peuple néo-zélandais et à la communauté musulmane dans son ensemble. La meilleure réponse à cette barbarie, c’est d’affirmer quotidiennement dans nos actes et dans nos paroles notre attachement aux valeurs démocratiques de liberté et de laïcité. Et dans notre belle République aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. En combattant l’extrémisme, quelle que soit son origine, jour après jour, sans le relativiser, sans le minimiser.

Partout dans le monde, où que nous soyons, quels que soient nos croyances et nos idéaux. Le terrorisme est l’œuvre de fanatiques, « monstres qui osent se dire fils de la religion » comme l’écrivait Voltaire. Fanatiques, barbares… il n’y a pas de mots assez forts pour qualifier ces assassins illuminés par une raison qui n’a d’autres explications qu’une folie aveugle drapée dans des alibis religieux sans aucun fondement.

L’attentat de Christchurch fait malheureusement écho aux heures sombres qu’a connu la France à plusieurs reprises. Tout comme nous, les Néo-Zélandais pansent leurs plaies, rendent hommage aux victimes et se relèvent ensemble pour dire NON. NON à l’intolérance. NON à l’horreur. NON aux actes inqualifiables. 

A travers les victimes de Christchurch, c’est la Nouvelle-Zélande, son modèle multiculturel, synthèse des cultures maoris et européennes,  sa tradition d’accueil, sa mentalité pacifiste qui ont été visées, attaquées, martyrisées. La Nouvelle-Zélande de la liberté et des droits de l’homme. Cela ne peut passer. Cela ne passera pas. 

Que les radicaux en soient bien conscients : l’intolérance, la haine et l’horreur ne régneront pas dans nos pays. Nous ne nous soumettrons jamais face à la violence et la terreur qu’ils cherchent à imposer. Nous leur opposerons toujours la dignité, la cohésion et l’esprit de solidarité qui nous animent. Comme ce soir. 

Nous nous dresserons tels des remparts inébranlables face à la barbarie de ces quelques fous dont l’objectif est l’extermination de nos valeurs. La Nouvelle-Zélande demeurera une nation fière des 200 origines ethniques qui la composent car c’est à travers cette diversité culturelle que naissent et s’épanouissent des valeurs communes.

Me vient enfin à l’esprit la promesse du prophète Mahomet adressée aux chrétiens de Médine : « Que nous soyons proches ou éloignés, nous sommes avec eux. Moi-même et mes fidèles, nous nous portons à leur défense, car les chrétiens sont mes citoyens. Leurs églises sont sous la protection des musulmans.» Aujourd’hui, je suis particulièrement ému, comme l’ensemble de mes collègues et des personnalités de voir rassemblés l’ensemble des cultes de Poissy dans un esprit de concorde, si cher à notre cité. La promesse du prophète Mahomet résonne comme un appel à la solidarité interconfessionnelle telle que nous la donnons à voir lors de cet hommage.  

Bien sûr, tous les rassemblements comme celui de ce soir sont symboliques. Futiles à côté de la violence vécue par  le peuple néo-zélandais. Mais nous y tenons. Car ils sont aussi pour nous symboliques d’un peuple du monde uni dans l’épreuve, rassemblé pour démontrer que rien, non rien, ne déstabilisera la démocratie et  la liberté. Tout ce qui nous rassemble est tellement plus important que ce qui nous divise.

Enfin, Les mots du poète Khalid Louguid valent mille paroles pour exprimer ce que nous ressentons ensemble aujourd’hui : « Les cris, les pleurs et la mort silencieuse. Tous les maux ne peuvent s’écrire sur des lignes alors que je laisse mes larmes couler dans le silence de la nuit. » 

Merci, du fond du cœur,  à toutes et à tous pour votre présence ce soir. Et plus particulièrement à nos amis musulmans à qui je veux redire ici mon émotion, mon amitié et mon soutien. Indéfectible. Nous sommes la Paix. Nous sommes la République. Vive Poissy. Vive la République. Vive la France. »

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