Ce dimanche 11 novembre était placé sous le signe du devoir de mémoire à Poissy. Malgré la météo pluvieuse, de nombreux Pisciacais de tous âges se sont joints aux associations patriotiques, autorités et élus afin de célébrer le centième anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918 qui a marqué la fin de la Première Guerre mondiale. Tous se sont réunis en milieu de matinée au cimetière de la Tournelle, autour du monument sur lequel sont gravés les noms des 264 Pisciacais Morts pour la France lors de la Grande Guerre. Jeunes sapeurs pompiers, écoles des Sablons, Victor-Hugo, Nelson-Mandela, collège Jean-Jaurès, Louveteaux, conseil municipal junior (CMJ) : de nombreux jeunes étaient rassemblés, bleuet en boutonnière comme leurs aînés, symbolisant l'indispensable travail de transmission aux nouvelles générations. Florence Granjus, députée de la circonscription, Marta de Cidrac, sénatrice des Yvelines, Babette de Rozières, conseillère régionale et Elodie Sornay, conseillère départementale étaient également présentes aux côtés du maire Karl Olive et des élus du conseil municipal, pour saluer la mémoire de ces héros fauchés par le premier conflit mondial.
Après les dépôts de gerbe, et la sonnerie aux morts le maire Karl Olive a pris la parole : « “Je ne peux pas oublier la guerre. L’horreur de ces 4 ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque”. 100 ans ont passé depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Mais ces mots de Jean Giono, trouvent encore écho dans nos mémoires. 100 ans ont passé mais personne n’a oublié la Grande guerre. Comment l’oublier ? Comment oublier un conflit qui tua plus d’un million et demi de nos soldats ? 100 ans ont passé mais les célèbres batailles de cette guerre résonnent encore dans nos mémoires. La bataille de la Marne et ses célèbres taxis, la bataille de Verdun, la bataille de la Somme, le Chemin des Dames. Autant de lieux devenus symboles de combats et du sacrifice de nos soldats, de nos “Poilus”, de nos héros ! Nos “Poilus” ont tous été de grands hommes. Si nous sommes réunis ici, devant ce monument aux Morts, c’est d’abord pour leur rendre hommage. Rendre hommage à leur jeunesse foudroyée par les obus, anéantie par des mois passés dans le magma des tranchées. »
« Toute cette horreur, toute cette peine, nombre de Pisciacais l’ont vécue. Le quotidien des tranchées, les gaz toxiques, les éclats d’obus qui déchiraient les chairs et défiguraient de simples soldats devenus “les gueules cassées”, cela aussi, rien de tout cela ne fut étranger à Poissy. 264 Pisciacais ne sont jamais rentrés du front. Alors que nous nous recueillons, nombreux, aujourd’hui, comme dans toutes les communes de France, autour de notre monument aux morts, ayons une pensée particulière pour ces jeunes Pisciacais. Ces 264 Pisciacais morts pour la France ne sont pas uniquement des noms sur un monument aux morts. Ce sont 264 personnes, 264 histoires, 264 familles, 264 drames, 264 vies brisées ». Et de citer certains d'entre eux : les frères Charles et Pierre Perret, 24 et 27 ans, morts à une semaine d'intervalle en octobre 1914, l'abbé René Camus ou encore “l'oublié” Albert Pouget dont le nom a été ajouté il y quatre ans sur le monument, auprès de ses camarades, réparant ainsi une injustice.
L'élu s'est plus particulièrement adressé aux jeunes réunis au cimetière de La Tournelle : « Comme pour tous les conflits, le devoir de mémoire est important. Mais ce devoir de mémoire se cultive. Il se travaille. Il demande des grands moments de cohésion nationale comme celui que nous offre aujourd’hui justement le centenaire de l'Armistice. Pour que les jeunes générations comprennent le sacrifice de nos aînés. Pour que les futures générations mettent en pratique leur sagesse, apprennent la tolérance et continuent de vivre en paix, Poissy a souhaité proposer, toute cette année et particulièrement ces dernières semaines, une programmation adaptée à tous les âges et à tous les publics. Pour que l’horreur qu’ils ont vécue ne soit pas oubliée. Pour ceux qui ne l’auraient encore vu, je vous invite à découvrir l’exposition “Poissy pendant la Grande Guerre” au Château de Villers, jusqu’au 18 novembre. Cette exposition nous montre comment notre ville et ses habitants ont survécu à toutes ces épreuves. Comment ils se sont reconstruits. Le centenaire de l’Armistice est un moment propice au souvenir et surtout propice au partage et à la transmission. Alors en l’honneur de nos morts et de leurs familles. Pour que ces 264 noms ne soient pas que des gravures sur une pierre, souvenons-nous ! »
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Joignant les mots à la parole, les élus ont invité les jeunes à visiter avec eux les tombes des soldats Morts pour la France, au son des instruments du Music Band de la Saint Louis de Poissy, avant de former un cortège vers le centre-ville.
Les commémorations se sont poursuivies sur le parvis de l'Hôtel de Ville avec le lever des couleurs puis dans le hall de la Mairie en raison des conditions météo. La maison des Pisciacais était rapidement bondée. Dans son discours, Karl Olive a rappelé l'ampleur dramatique de la Première Guerre mondiale (65 millions de personnes mobilisées, 9 millions de tués et plus de 20 millions de blessés) mais aussi la surprise et le bonheur de la déclaration d'Armistice : « Le onzième jour, du onzième mois, à la onzième heure, dans toute la France, les cloches sonnent à la volée. La guerre est terminée. Au front, les clairons bondissent sur les parapets et sonnent le “cessez-le-feu”. La “Marseillaise” jaillit à pleins poumons du fond des tranchées. Les Français, comme les Allemands, tous, sont enfin soulagés. Quatre années d’une guerre totale viennent de se terminer. »
Le Centenaire de l'Armistice est l'occasion de se rappeler le prix de la paix : « Comme l’écrit Louis Madelin, “Si nos morts ouvraient la bouche, ce ne serait pas pour se plaindre d’avoir tant souffert pour notre salut, mais pour nous supplier de faire en sorte qu’ils n’aient pas souffert pour rien. » En évoquant le message de paix légué par les Poilus, Karl Olive a eu une pensée particulière pour Jacques Masdeu-Arus, ancien maire de Poissy disparu le 4 novembre dernier, et qui a beaucoup œuvré à la fraternité franco-allemande à travers le jumelage avec Pirmasens. « Profitons tous ensemble de la commémoration du centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, empreinte de réconciliation et de paix, pour honorer la mémoire de tous les combattants et civils morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Ne les oublions pas. N'oublions jamais ! »
La cérémonie s'est poursuivie sur le balcon de l'Hôtel de Ville avec la remise d'une médaille au porte drapeau Claude Amaury pour 10 années de services avant la lecture d'un message par le président de l'Union des combattants (UNC) de Poissy Jacques Duvelleroy. Deux élèves du collège de Jean-Jaurès ont ensuite lu la lettre d'un Poilu avant que Jean-Loup Mauron, du conservatoire de Poissy, n'entonne une vibrante Marseillaise ensuite reprise par l'assemblée toute entière en un beau moment d'émotion.
Retrouvez l'album photos des commémoration de l'Armistice 1918 à Poissy.