La Ville a rendu hommage vendredi 2 juin au courage des époux pisciacais Antoinette et Marcel Loubeau, nommés “Justes parmi les Nations” pour avoir sauvé Laja Zylberberg et sa fille Rachel de la barbarie nazie. Une stèle leur est désormais dédiée dans le Jardin de l’olivier.
La cérémonie s’est déroulée en présence de Gaston Loubeau, fils d’Antoinette et Marcel, qui vit toujours à Poissy, de Rachel Roizès, la “petite fille” sauvée par le couple, de Viviane Saül et Paul Ejchenrand, représentants du comité français pour Yad Vashem, institut qui a décerné à titre posthume la médaille des Justes aux époux Loubeau. Plus haute distinction civile d’Israël, cette médaille est attribuée aux personnes ayant mis leurs vies en péril pour sauver des Juifs.
« Les Justes parmis les Nations ont non seulement sauvé des vies humaines mais ils ont incarné l’honneur de l’humanité qui grâce à eux, n’a pas totalement sombrée dans ces années d’occupation nazie », a insisté Viviane Saul après la lecture par une jeune fille du poème “Le Badge” d'Albert Pesses . « Rachel Roizes, ici présente, a été sauvée grâce à Marcel et Antoinette Loubeau. Dans un monde où les discours, les actes de haine, de xénophobie, d’antisémitisme et de diabolisation d’Israël progressent chaque jour davantage, où l’enseignement de la haine se propage sans réaction de la part des Nations, il est bon de rappeler les valeurs qu’ont incarnées les Justes parmi les Nations d’hier. »
Rachel Roizès a pour sa part évoqué « l’extraordinaire élan de solidarité rencontré à Poissy durant cette période troublée où le pire et le meilleur se sont côtoyés » et salué la mémoire des ces « Pisciacais courageux, les Loubeau et tant d’autres » qui lui avait permis de survivre à la guerre. Christelle Laporte, arrière petite fille des époux Loubeau, a quant à elle vivement remercié la Ville, au nom de sa famille, pour ce bel hommage à ses aïeux.
« Nous sommes réunis pour célébrer le souvenir d’un couple d’exception, d’une femme et d’un homme exemplaires qui ont profondément marqué l’histoire de notre ville, a souligné le maire Karl Olive dans son discours. Bravant tous les risques, Marcel Loubeau et son épouse Antoinette ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de tolérance et d’humanité. Ils sont un exemple pour tous les habitants de Poissy. A travers eux nous pensons à tous ces Français qui se sont levés pour dire non au fanatisme, à la haine de l’autre et à la peur de l’étranger. Je souhaite que grâce à cette stèle, ce nom reste à jamais un souvenir vivant dans le cœur de chacun d’entre nous et dans l’esprit de ceux qui nous succéderons. Nous sommes réunis pour ajouter à ce lieu de paix les noms d'Antoinette et de Marcel Loubeau. N’oublions jamais. »
Et l’élu de citer Simone Veil : « En honorant ceux qui ont refusé de se plier à la fatalité de la volonté exterminatrice de l’idéologie nazie, la médaille des Justes contribue à rétablir l’Histoire dans sa vérité ».
Le courage des époux Loubeau
En 1943, après la déportation de son mari à Auschwitz, Laja Zylberberg se réfugie dans une buanderie désaffectée rue du Cep à Poissy avec sa fille Rachel. Elles ont pour voisins les époux Loubeau. Marcel est gardien à la prison de Poissy. Suite à une dénonciation, Laja et Rachel y sont incarcérées provisoirement avant leur départ pour Drancy puis vers les camps d’extermination. Marcel Loubeau alerte alors les réseaux de la Résistance qui organisent une évasion au cours de leur transfert vers Drancy. Conduites chez les époux Loubeau, la mère de famille et sa jeune enfant y vécurent cachées et protégées jusqu’à ce que le danger soit éloigné.
Pour avoir aidé à leurs risques et péril Laja Zylberberg et sa fille Rachel, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de “Juste parmi les Nations” à titre posthume à Antoinette et Marcel Loubeau le 26 juin 2012. A ce jour, ils sont 4 000 Justes en France, 26 000 dans le monde.
