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Associations patriotiques, élus et Pisciacais étaient rassemblés samedi 29 avril autour du monument aux morts du cimetière de la Tournelle pour honorer la mémoire des victimes et héros de la déportation. En présence de la conseillère départementale Elodie Sornay et de Fabienne Deveze, maire de Morainvilliers-Bure, le maire Karl Olive a rappelé dans son discours l'importance de cette journée du souvenir, 72 ans après la libération des camps de concentration et d’extermination. Une journée qui nous invite à méditer les tragiques leçons de notre passé : « Il est dans l’histoire de l’humanité des cicatrices indélébiles. Nous honorons aujourd’hui la mémoire de tous les déportés de la Seconde Guerre mondiale. Tous, sans exception aucune », a souligné l'élu.

« La journée nationale du souvenir des victimes de la déportation est porteuse de mémoire plurielle. Pluriels, comme l’étaient les motifs de déportation. Déporté par mesure de répression car résistant, communiste, syndicaliste, militaire, franc-maçon. Déporté dans le but d’être exterminé car juifs, homosexuel ou encore tsigane. Déportés car ils étaient différents, parce qu’ils pensaient différemment. D’autres minorités pourraient se sentir menacées aujourd’hui. Musulmans, patrons, chômeurs, transgenres et j’en passe. Cela n’aurait aucun sens, aujourd’hui pas plus qu’hier.

Dans les camps de concentration, dès 1933, le travail est épuisant, la nourriture insuffisante, les soins inexistants et la mortalité élevée. Tout est fait pour déshumaniser les victimes et les conduire à la mort. En 1941, l’horreur n’a plus de limite et six camps d’extermination sont créés. Leur nature et leur objectif n’ont d’égal que la barbarie nazie. On estime à six millions le nombre de personnes qui ont transité dans un camp. Combien d’entre eux n’ont jamais revu leur foyer ? Honorons aujourd’hui leur mémoire, leur souffrance et leur combat car comme l’assure l’écrivain et philosophe espagnol Georges Santayana : “Les peuples qui ne réfléchissent pas sur leur passé sont condamnés à le revivre”.

Ceux qui revenaient de ces camps ne parlaient pas ou si peu. Se sentant obligés de justifier la chance de faire partie des rescapés, ils développaient parfois un profond sentiment de culpabilité et de honte. Quelques déportés ont pourtant laissé des témoignages rédigés peu de temps après leur retour des camps.

Jacques Songy, membre du groupe de résistant “Melpomède” avait 20 ans. Il est resté emprisonné neuf mois à Dachau. Dans une réédition de son ouvrage paru en 1985, il explique : “Nous avons consacré un peu de nous-même pour que l’essentiel ne sombre pas dans l’oubli. Il n’y avait pas que de la haine et de la déchéance dans les camps. Nous sommes sûrs maintenant que les chemins de la rédemption passent par la capacité de l’homme à poursuivre jusqu’au bout le don de lui-même. Nous en témoignerons encore inlassablement”.

Il y a 72 ans, jour pour jour, les alliés libérèrent le camp de Dachau. Dachau, au nord de Munich, premier camp mis en place par le régime nazi. De 1933 au 29 avril 1945, 32 000 personnes y ont laissé la vie. Il aura fallu douze ans pour que cette ignominie s’achève au prix de sacrifices qui redonnèrent confiance en l’humanité.

L’heure est aujourd’hui à la mémoire et à la résistance. Encore. Au moment où plus de 7 millions d’électeur valident les idées d’une flamme aussi dangereuse que terrifiante, il est de notre devoir de rappeler l’horreur. Il est de notre devoir de rappeler la réalité, pour ne pas la voir se reproduire.

Faut-il rappeler que le régime nazi est arrivé légalement au pouvoir le 5 mars 1933 avec près de 44% des voix ?

Faut-il rappeler que son leader avait clairement annoncé ses intentions dans un ouvrage, mais aussi le 30 janvier 1939 devant le Reichstag en menaçant publiquement les Juifs d’une “extermination totale” ?

Faut-il rappeler combien de déportés ne sont jamais rentrés chez eux et combien se sont sentis trahis ?

Car oui, contrairement à ce qu’affirment encore quelques nostalgiques du IIIe Rich, la part de responsabilité du gouvernement français de l’époque n’est plus à prouver. Près de 80% des déportés furent arrêtés par la police française. Ces heures noires ont sali à jamais notre histoire. Faut-il le rappeler ? Oui, sans aucun doute. Oui, nous devons le rappeler pour ne pas oublier. Oui, rappeler pour honorer. Oui, rappeler pour résister. Résister comme l’ont fait les “Justes parmi les nations” qui, au plus noir de la tourmente, et comme l’écrit Serge Klarsfeld, ont sauvé les trois quart de la communauté juive résidant en France.

Par le passé et par des temps troubles récents, les Français ont démontré qu’il savent se rassembler quand l’essentiel est en danger. L’essentiel c’est aujourd’hui le savoir-vivre ensemble. Nous avons la chance à Poissy, de connaître une entente réelle et bienveillante entre toutes les communautés. Nous devons aujourd’hui, encore plus qu’hier, œuvrer pour que nos enfants et nos petits-enfants continuent de connaître la paix que nous avons la chance de vivre depuis maintenant plus de 70 ans.

Seul celui qui comprend comment un mécanisme se met en place peut lutter contre lui. Nous ne pourrons jamais dire que nous ne savions pas. Ne nous divisons pas. Restons unis autour de nos couleurs.

Ce drame passé ne sera jamais un détail de l’histoire. Ce drame, c’est notre histoire et elle n’aura de sens que si les futures générations se rappellent que l’horreur est possible. A travers chaque enfant chaque femme et chaque homme massacré, c’est l’humanité tout entière qu’ils ont martyrisé. Les valeurs de liberté, de justice, de tolérance qui fondent l’identité française nous ont été transmises au prix de millions de vies. Avec la disparition progressive de la génération des déportés, nous nous devons d’assurer la pérennité de cette mémoire.

Chaque être humain est riche. Riche de ses cultures, riche de son histoire, riche de ses différences. Ecoutons, respectons et partageons ces valeurs pour que demain notre Nation ne tombe pas dans l’obscurantisme. Comme le disait le Général de Gaulle : “Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde”. Nous avons le devoir d’être à la hauteur de ce pacte.

Vive Poissy, vive la République et vive la France ».

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