Chaque rencontre avec Georges Monnier est un voyage. Un voyage dans le sud où il a vécu jusqu’à ses 27 ans et en particulier dans le Gard qui l’a vu naître et dont il conserve l’accent chantant. Un voyage dans le temps aussi. Avec 52 années dans la cité saint Louis à son actif dont 40 en tant qu’élu, le natif de Nîmes vous emporte avec de savoureuses anecdotes dans le Poissy des années 70, qui compte alors 30 000 habitants et dont la place de la République est un parking.

DES MOISSONS DE CHÂTAIGNES AUX MOIS SANS SOLEIL

Une ville qu’il découvre avec son épouse Marie-Jeanne « par hasard» en 1971 après une année parisienne à l'École nationale supérieure des postes et télécommunications (ENSPTT) : « Nous avions un week-end pour choisir mon lieu d’affectation et Poissy, proche de la forêt, de l’autoroute et de Paris a eu nos faveurs. » L’acclimatation n’est pas évidente pour les deux jeunes mariés, amis dès l’âge tendre sous le généreux soleil du village de Chamborigaud près d’Alès, où les vacances étaient rythmées par les moissons de châtaignes, de cèpes et les dégustations de fromage de chèvre : « Nous sommes arrivés en novembre dans un appartement situé au 7e étage derrière l’église Sainte-Anne dans le quartier du Clos d’Arcy et avec la brume, nous n’avons pas vu le pied de l’immeuble du week-end. »

L’AVENTURE DU TÉLÉPHONE

Mais les nuages se dispersent rapidement. L’inspecteur des PTT a le vent en poupe avec l’élection en 1974 du nouveau président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, décidé à apporter le téléphone dans chaque foyer. Aussi, l’arrivée de son premier enfant permet à Georges Monnier de rencontrer son futur grand ami et collègue au sein du conseil municipal : le docteur accoucheur Vincent Richard Bloch qu’il rejoint comme adhérant au Parti Républicain, membre de l’UDF.

BEAUREGARD, PREMIER DÉFI

Le 6 mars 1983, la liste de Jacques Masdeu-Arus soutenue par les deux amis domine de 60 voix celle du maire communiste Joseph Tréhel au 1er tour de l’élection municipale, permettant à Georges Monnier d’entamer sa longue carrière d’élu. Une aventure qui va démarrer tambour battant : « Deux semaines après l’élection, le maire me demande de m’occuper du centre social de Beauregard, une maison de quartier gérée par des partisans communistes. Les trois premières années ont été très dures. Je me suis parfois retrouvé les pneus crevés, entouré et copieusement chahuté par 40 personnes. Mais au cours de mes 25 années là-bas, nous avons pu proposer de nombreuses choses aux habitants : un club informatique, des sorties, du soutien scolaire… De vrais changements ont été opérés. A mon arrivée, il n’y avait aucune jeune fille, comme s’en était émue Simone Veil (ministre de la Santé à l’initiative de la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse) lors d’une visite. Il a fallu faire changer les mentalités et nous avons réussi à les faire venir et à les faire participer à des activités mixtes. »

« AIDER LES GENS »

Et c’est précisément la motivation de ce père de deux fils qui lui ont offert trois petites-filles : « A mes débuts, je ne me représentais pas bien la fonction d’élu. J’avais des convictions et je voulais participer. J’ai rapidement réalisé que je le faisais pour améliorer la vie des gens, leur donner du bonheur. Même si on se fait souvent engueuler, c’est un vrai plaisir d’échanger avec les Pisciacais et une énorme satisfaction de les aider et d’embellir la ville. »

L’AMOUR DE LA TECHNIQUE

Un thème sur lequel l’ancien pensionnaire de la faculté de sciences de Montpellier a sérieusement œuvré : « J’ai toujours rêvé d’être professeur de mathématiques. J’adore ce qui est technique. A partir de 1989, j’ai commencé à faire de la voirie. A l’époque cela comportait également l’éclairage, l’assainissement et les poubelles. J’adorais ça. J’ai besoin de bouger et il fallait aller sur les chantiers, discuter avec les entrepreneurs. Et il y avait tellement à faire avec l’essor de la ville. Puis les délégations se sont multipliées au fil des années et des mandats. J’ai fait de l’urbanisme, on a rénové le Théâtre, déplacé les ateliers municipaux de l’avenue du Maréchal Foch au Technoparc, créé la gare routière nord. »

La défaite aux élections municipales de 2008 n’ébrèche pas la détermination de ce passionné de cyclisme qui a longtemps dévoré les kilomètres chaque dimanche : « Durant ces six années dans l’opposition, nous avons été partout et sans cesse. Cette période a été très dure, parfois tendue. Mais nous avons continué de beaucoup discuter avec les gens et de suivre chaque dossier de près. »

SUR TOUS LES FRONTS

Après l’élection en 2014 de son candidat, Karl Olive, Georges Monnier redevient en charge de la voirie, des bâtiments, des marchés publics et des commissions de sécurité. Autant passionné par ces sujets que désireux d’aider, Georges Monnier est également aujourd’hui vice-président de Valoseine (syndicat intercommunal ayant à sa charge le traitement, l’élimination, et la valorisation des déchets ménagers de 22 communes), du Sivom (Syndicat intercommunal à vocations multiples) et président du Siarh (Syndicat Intercommunal d’Assainissement de la Région de l’Hautil) « mais aussi, comme je suis un peu maso, de mon conseil syndical de copropriété », glisse-t-il en souriant.

L’expérimenté élu n’a pour autant jamais visé plus haut : « D’une part, tout au long de ma carrière, mon travail m’a beaucoup plu. D’autre part, je me suis toujours bien entendu avec les équipes avec qui j’ai œuvré pour la Ville et elles ont toujours été très compétentes. Ainsi, malgré les moments difficiles, je n’ai jamais eu d’autre ambition que d’aider les gens et la ville et je n’ai jamais songé à abandonner. » Une abnégation et une longévité que celui qui a fêté ses 40 ans de mandat le 6 mars derniers doit aussi au soutien de ses proches : « Après ces 40 années pendant lesquelles j'ai été très occupé par mes activités à la mairie, je voudrais rendre un très grand hommage à ma famille, à mes deux fils et surtout à mon épouse. Pendant toutes ces années elle m'a accompagné, aidé, soutenu et parfois supporté. Un très grand merci à Marie-Jeanne ! »

LA DERNIÈRE DANSE

Georges Monnier, qui a soufflé ses 79 bougies le 29 mars 2023, pourra toutefois bientôt profiter au maximum des siens puisqu’il compte raccrocher son écharpe en 2026 au terme de son septième mandat : « J’aurai 82 ans, il sera temps de passer la main. Même si je resterai toujours attentif à ce qu’il se passe dans cette ville qui m’a tant apporté. » Et à qui il a tant apporté en retour.

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