Depuis 1984, Agnès Guignard, descendante d’Ernest Meissonier, réside sur le site de l’ancien prieuré royal où le célèbre artiste avait pris ses quartiers au XIXe siècle. Le lieu idéal pour assouvir sa passion : percer l’histoire à jour et la partager. 

Le prieuré Saint-Louis fondé par le roi Philippe le Bel et les ateliers d’Ernest Meissonier berceaux de toiles exposées dans les plus prestigieux musées du monde. De copieux chapitres de l’histoire de Poissy ont été écrits à l’entrée de l’enclos de l’Abbaye. Au sens propre, de nombreuses pages continuent de s’y écrire sous la plume d'Agnès Guignard, descendante d’Ernest Meissonier.

Celle dont l’arrière-arrière-grand-père fut l’un des plus éminents peintres du XIXe siècle habite le site de l’ancien prieuré acquis par celui-ci en 1846. Domaine qu’elle a découvert pour la première fois un siècle plus tard à l’âge de deux ans.

Un endroit foisonnant d’histoires où s’est forgée sa passion : « Le passé était extrêmement présent. Notre famille vibrait pour l'histoire. Ma grand-mère Jenny Meissonier, petite-fille d’Ernest, était pleine de souvenirs. Je lisais les livres qu’elle avait lus étant enfant et passais d’une époque à l’autre. À l'âge de 14 ans, je me suis mise à lire les vieilles lettres puis les carnets dans lesquels les gens fixaient le temps. Ce n'est pas toujours évident à transcrire car parfois rédigé dans d'autres systèmes d'écriture mais ce sont de formidables mines d’informations, de magnifiques mosaïques. Au-delà des dates s'y dessinent des silhouettes. J'ai beaucoup entendu parler de ces personnes et j'ai par moments l'impression d'entrer dans des mondes parallèles. »

Agnès Guignard aime autant arpenter que raconter l’histoire. En 1968, elle passe l’agrégation d'histoire-géographie et enseigne successivement au lycée à Caen puis à l’université à Nancy : « Après mai 1968, les établissements étaient en ébullition, c’était passionnant. » En 1977, elle suit son époux ingénieur à Dakar puis à Abidjan où elle enseigne l’histoire du moyen-âge et de la Côte d’Ivoire. Sept ans plus tard, la famille Guignard revient en France et s’aménage un pied à terre dans la propriété façonnée par Ernest Meissonier. Un court séjour toujours en cours. 

« FAIRE PARLER L'HISTOIRE DES LIEUX »

C’est à cette époque que sont lancées les Journées du patrimoine qui enthousiasment naturellement Agnès Guignard : « Dès le début, nous avons ouvert nos portes. La communication se réduisait alors à une affiche à l'entrée mais il y avait déjà énormément de monde alors nous avons demandé au Musée du Jouet de distribuer des tickets. »

« C’est important de faire parler l’histoire des lieux d'autant que la plupart des bâtiments ont disparu et que l’histoire est en creux ici. Je continue de lire et d’apprendre régulièrement des choses. Je deviens donc de plus en plus bavarde durant les visites », s'amuse-t-elle. 

Attachée à « faire revivre le passé », Agnès Guignard écrit aussi pour les publications du Centre d’études historiques et archéologiques (CEHA) de Poissy et continue de nourrir des projets : « Je souhaite réaliser un livre d’images à partir de documents présents ici. Beaucoup de croquis et d'aquarelles n’ont pas été achevés par les nombreux artistes qui ont vécu ici. Ernest Meissonier est le plus connu mais tout le monde dans la famille était artiste comme son fils Charles. Il y avait également des maîtres verriers, des sculpteurs. C’est un milieu d'artiste inouïe. » Avec encore de beaux jours devant lui. 

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