Publié en avril dernier, le dernier roman de Thierry Jaillant, « Mouche pas… c’est moi », connaît un joli succès. Rencontre avec ce Pisciacais toujours aussi bosseur et pétillant malgré la maladie qui le ronge.

Fauteuil roulant customisé Harley Davidson, boucle d’oreille, veste noire, humour décapant et passants qui l’abordent toutes les deux minutes. Pas évident d’intégrer que Thierry Jaillant souffre de la maladie de Charcot-Marie-Tooth depuis 1998. Le corps médical, d’ailleurs, peine également à le croire : « Les médecins sont déconcertés quand ils voient mes analyses aussi négatives ».

Et pourtant, derrière le large sourire se cache de terribles souffrances : « Je sens de moins en moins mon corps. Je suis enfermé dans une carcasse. Les muscles partent, je pars. Mais je vis dans le déni le plus total de la maladie. Le travail est un traitement antidouleurs. »

En effet, son état de santé, l’homme de 57 ans l’évoque très succinctement, préférant parler de ce qu’il réalise. Et il y a de quoi faire. Celui qui fut un pionnier de la micro-informatique dans les années 80, puis pianiste de renom, intronisé dans le « Who’s Who des professionnels » à Los Angeles en 2001, enchaîne désormais les livres.

 

« J’ai rencontré mes personnages »

Lâché par sa main gauche en 2003 en plein concert à Londres, à l’aube d’une grande tournée, le Pisciacais a rapidement repris le rythme. Ses mains notamment n’ont pas beaucoup de répit. Il a ainsi troqué piano et moto contre pinceau, guitare et stylo. En 2005, il raconte ses rendez-vous médicaux dans un carnet, qui se transforme en autobiographie. Quelques années plus tard, des amies l’envoient à une maison d’édition qui publie « Enfer… Et contre tous » en 2018. « L’écriture est quelque chose d’assez nouveau pour moi. Je ne suis pas un écrivain, je raconte simplement des histoires », confie Thierry Jaillant qui a tout de même suivi des cours d’écriture de scénarios durant trois ans.

En 2020, il sort un premier roman « Mes amis, mon amour… que d’emmerdes ». Après avoir pris note des critiques, il enchaîne avec « Mouche pas… c’est moi », publié en avril dernier aux éditions Saint Honoré : « C’est une aventure humaine, avec un langage moins parlé cette fois-ci. » On y retrouve plusieurs personnages truculents du premier roman. « Les gens les trouvent parfois trop extravagants mais je les ai rencontrés, ils existent vraiment et ils sont ainsi », se défend Thierry Jaillant. Et il maîtrise particulièrement bien l’un d’entre eux : le personnage principal, Max Haubar, dit « le biker », dont le destin a été bouleversé par un accident de moto. Un personnage aux deux vies, à l’instar de son créateur.

« Si je ne rigole pas, je recommence »

Nouveau style, scénario bien ficelé, vécu mais aussi une grosse dose d’humour parmi les ingrédients : « Les gens sont moroses en ce moment, je veux écrire des livres distrayants. C’est un polar humoristique. Je rentre dans mon histoire, je rigole de mes bêtises et si je ne rigole pas, je recommence le chapitre. » Et la recette plaît. Le livre de 492 pages se retrouve mis en avant par la Fnac et Cultura.

Ce stakhanoviste « se réjouit d’avoir passé un cap et d’être lu ». Mais pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers. Thierry Jaillant, réveillé chaque matin à 7h, peint énormément, « avec des pinceaux de chez Bricorama, qu’il ébouriffe pour un rendu 17e, 18e siècle », joue de la guitare 30 minutes par jour pour endiguer le raidissement de ses doigts, et son troisième roman dont il a déjà écrit la moitié et dans lequel « il ose un truc assez fou », est attendu en début d’année prochaine.

 

Restez connecté