Maraîcher sur le marché de Poissy depuis 2010, Joël Picard est un ardent défenseur du circuit court. À l’occasion de la Semaine européenne du développement durable, rencontre avec ce Gargenvillois qui a délaissé Rungis pour mieux se consacrer aux papilles des Pisciacais.

La Semaine européenne du développement durable peut se célébrer de diverses manières. Faire ses emplettes au marché de Poissy en est une excellente.  « Tomates, aubergines, courgettes, … tout le frais a été ramassé hier, on le retrouve sur les étals ce matin et dans l’assiette dans une heure », se félicite Joël Picard. En réalité, il n’y a plus grand-chose à se mettre sous la dent ce midi sur le stand de cette figure du marché. Comme quasiment à chaque fois, le maraîcher a été dévalisé. « Le dimanche je repars à vide, le vendredi c’est presque la même chose et le mardi on n’en est pas loin non plus », savoure le Gargenvillois présent sur la cité saint Louis depuis 2010.

Un vendeur textile placé à une vingtaine de mètres se réjouit des ponctuelles et toutes relatives baisses d’affluence qui lui permettent de ne pas voir son stand bouché par l’interminable file d’attente et d’aller s’offrir les derniers œufs encore disponibles. Car en plus des fruits et légumes, l’homme de 59 ans propose à chacune de ses apparitions 200 œufs pondus le matin même et écoulés en quelques heures.

 

Des produits frais et originaux

Celui qui compte 50 hectares au total, dont le nectar sur l’île de Gargenville, possède également 25 bovins. Mais si le stand de Joël Picard est tout indiqué pour trouver des produits fraîchement récoltés et originaux comme les aubergines longues « qui partent comme des petits pains », pas la trace d’une brique de lait ou d’une tranche de jambon : « J’ai des bovins simplement pour le fumier, c’est plus naturel. »

Un fumier qui lui a valu quelques surprises : « La première année, j’arrivais avec des tomates de 1kg, j’ai la main plus légère maintenant ». Et des bovins qui lui jouent quelques tours : « Hier soir, je terminais de charger le camion quand un voisin m’a appelé pour me dire que quatre de mes vaches étaient de sortie. Ce midi, il en manque toujours une à l’appel. » 

« Le contact direct avec le consommateur, un vrai plaisir »

Mais avant de poursuivre son cache-cache, Joël Picard se concentre sur les derniers de ses quelque 300 clients qui affluent à chaque fois. « Le contact direct avec le consommateur, un vrai plaisir », pour celui qui s’est formé au métier d’électro-diéséliste puis s’est lancé comme maraîcher en 2001 à la veille de ses 40 ans, notamment à Rungis. Exit désormais la vente en gros. Ses clients les plus conséquents à Poissy sont les restaurants Le Mouton blanc « qui récupère notamment chaque semaine 100kg de pommes de terre et des carottes » et La Bonne planque « dont le chef vient régulièrement fouiller ici pour composer sa carte ». 

De quoi copieusement égayer les 115 heures de travail hebdomadaires de Joël Picard, qui propose également ses produits à Mantes-la-Jolie ainsi qu’à Verneuil-sur-Seine et a seulement coupé deux jours dans le Lot cet été.

Après avoir soufflé ses 60 bougies en octobre, il devrait toutefois rapidement lever le pied : « Je peux partir à la retraite en janvier. Ma femme rouspète parce que je ne remplis pas les papiers. Elle pense que je ne veux pas arrêter. » Difficile de contredire Valérie Picard tant son mari affiche enthousiasme et larges sourires en compagnie de ses clients. Et ceux de Poissy, où sa grand-mère également maraîchère venait à cheval depuis Bougival dès les années 40, sont veinards car le marché de la cité Saint-Louis sera le seul qu’il compte poursuivre à compter de 2022. Le réveil n’a pas fini de sonner tôt pour Joël Picard et les Pisciacais.

 

Restez connecté