Aussi calmes dans la vie qu’explosifs et féroces en combat, Julina Nilusmas et Morgan Charrière accumulent les victoires dans leurs disciplines respectives, le kick boxing et le MMA. Le Pisciacais va même disputer son deuxième combat à l'UFC, ce samedi 6 avril, à Las Vegas !
Dans leur appartement pisciacais, trophées, coupes et médailles sont partout : sur les étagères dans la cuisine, dans leur petite pièce qui leur sert de salle d’entraînement et évidemment dans la vitrine qui trône dans l’entrée.
Autant de récompenses qui symbolisent les succès en kick boxing pour Julina Nilusmas, en MMA pour Morgan Charrière. En couple depuis les années lycée, les deux amoureux sont au sommet de leurs disciplines. La jeune femme de 29 ans a décroché une nouvelle couronne mondiale en novembre 2023 quand The Last Pirate, son surnom, a remporté son premier combat à l’UFC (la plus importante organisation de combat d’arts martiaux mixtes - MMA) Paris en septembre 2023, et retournera dans l’Octogone ce samedi 6 avril pour un événement UFC Fight Night !
Une réussite hors du commun pour ce couple, installé à Poissy depuis 2019, qui vit au rythme des entraînements et des compétitions de chacun : « On a pris l’habitude de ne pas se voir tout le temps, sourit Julina. Parce qu’on sait que c’est maintenant qu’on peut réussir de belles choses. » « On est une équipe, abonde Morgan. On se pousse l’un l’autre pour viser de gros objectifs. »
Premier à emprunter la voie des sports, Morgan, formé au judo, bascule dans ce qui est alors appelé free fight à 17 ans, en 2012 Le MMA n’étant pas légalisée en France, il livre ses premiers combats en Belgique puis dans les pays de l’Est, jusqu’en Ukraine. C’est en assistant à ces combats que Julina décide elle de se lancer dans le kick boxing, en 2014, d’abord en loisirs et très vite en compétition.
En cinq ans, tant sportivement que professionnellement, la progression est impressionnante pour les deux tourtereaux. Morgan remporte combats et ceintures en WWFC (l’une des ligues de MMA) et cartonne sur les réseaux sociaux grâce à une chaîne Youtube (134 000 followers aujourd’hui) : « Je voulais montrer le chemin pour aller à l’UFC, explique Morgan. Pas seulement les victoires, les bons moments, mais aussi tout le travail que ça demande. Le succès m’a permis de vivre de mon sport alors qu’il n’était pas encore rémunérateur à l’époque. » Julina grimpe elle aussi les échelons, combinant étude puis emploi (elle intègre en 2018 la PME Osimatic spécialisée dans les logiciels) et sport de haut niveau avec de multiples titres de championne de France.
En 2019, les planètes s’alignent pour les deux tourtereaux qui choisissent d’emménager ensemble à Poissy. En mars, Morgan intègre le Cage Warriors, l’une des plus prestigieuses organisations du MMA quand Julina devient championne du monde en novembre, un exploit relaté dans le Pisciacais 291.
The last Pirate et la businesswoman
Si le Covid met la carrière de Julina en suspens (elle ne pourra recombattre en championnat du monde qu’en 2021), Morgan poursuit sa route, avec des hauts et des bas. En décembre 2020, il bat l’Anglais Perry Goodwin et remporte la ceinture des poids plume du Cage Warriors, un affrontement diffusé sur 6Play qui a rassemblé un million de personnes. Mais en deux combats tout s’écroule : il perd d’abord sa ceinture sur décision partagée en mars 2021 avant d’être victime d’une fracture du plancher orbitale en octobre 2021. « Je suis resté un an sans combattre, souffle Morgan. A ce moment ça a été dur : je suis à l’arrêt quand je pouvais rêver de l’UFC et alors que le MMA devient légal en France… »
« C’est aussi dans ces périodes qu’on se soutient, glisse Julina. On s’est entraîné à fond, même à la maison, dans une pièce qu’on a aménagé pour ça. » « Quand un de nous deux va courir, l’autre culpabilise de ne pas y aller aussi, on se motive», rigole Morgan.
La marche en avant reprend. D’abord pour Julina qui enchaîne les titres européens (2022) et mondiaux en kick boxing amateur (2021, 2022, 2023) et passe professionnelle, glanant au passage un titre de championne de France qu’elle défendra le 8 juin prochain. Le tout en rachetant l’application Mytime qu’elle a contribué à créer… « C’était une période très intense, avec jusqu’à deux entraînements par jour, qui m’ont vraiment permis de progresser, détaille la businesswoman. Je suis fière de mon parcours, d’avoir confirmé à chaque échelon et aujourd’hui j’ai encore envie d’en faire plus ! »
Pour Morgan, le retour à la compétition se fait en novembre 2022 au Cage Warriors. « Je n’avais pas le droit de perdre si je voulais rêver de l’UFC », évoque le combattant. La victoire, « difficile » est au rendez-vous et le Pirate enchaîne avec deux autres succès lui ouvrant les portes de la grande ligue qui le signe pour quatre combats. Le 2 septembre 2023, il expédie Manolo Zechini dans une Accor Arena bouillante : « Je ne pouvais pas rêver mieux comme début, en sourit encore Morgan. Ce KO, c’est dix ans d’un travail quotidien acharné et d’un staff de sept, huit personnes qui me prépare parfaitement pour que je sois le meilleur dans tous les domaines du MMA. » Ce samedi 6 avril, il disputera son deuxième combat à l’UFC contre l’Américain Chepe Mariscal à Las Vegas. Un endroit mythique pour un combattant MMA mais qui ne fait pas tourner la tête du Français qui veut aller plus loin : « Combattre à l'UFC n’était pas un rêve mais un objectif. J’ai envie de marquer le sport français, de performer. Pourquoi pas une ceinture ? Si ça doit venir, ça viendra », pose le jeune homme avec un calme qui tranche avec son attitude sur le ring, tout en agressivité et en explosivité. « Je sais, cette dualité, c’est fou, sourit-il. Pour moi, la cage c’est un endroit où je dois me dépasser : c’est un combat contre soi, il faut contrôler ses émotions, mettre en place un plan, être fort mentalement. J’essaie de tout maîtriser. »
Une mentalité identique chez Julina : « Je suis une jeune fille calme et douce dans la vie, même si je suis déterminée, pense-t-elle. Mais sur le ring je me transforme. Je n’ai pas peur de prendre des coups, seulement de perdre. » Un état d’esprit de leader qui lui a valu devenir capitaine de l’équipe de France de kick boxing. Une distinction qui la pousse à continuer son sport en conciliant amateur (entre septembre et novembre) et professionnel (entre décembre et juillet), avec l’espoir d’intégrer la prestigieuse organisation Glory pour donner une nouvelle dimension à sa carrière.
Et garnir encore un peu plus l’armoire à trophée des deux amoureux du ring.