Histoire et tatouage. C’est l’union de ces deux passions qui fait la force de Mikaël de Poissy dont les gigantesques vitraux dessinés sur la peau à de rares élus le font rayonner dans le monde entier.
Mikaël de Poissy n’est pas un tatoueur comme les autres. D’ailleurs, derrière son salon de tatouage situé en bas de la rue du Général-de-Gaulle, se cache son appartement, qui n’est pas non plus comme les autres : une table de tatouage, un mur de livres d’histoire, une statue de Jeanne d’Arc, d’immenses aquarelles signées de sa main, une vitrine sur le tatouage en prison destinée une exposition à Fleury-Mérogis…
Vous l’aurez compris, le Pisciacais de naissance compte deux passions : le tatouage et l’histoire. Deux amours dont la fusion a métamorphosé Mikaël Lemaire en un tatoueur de renom, Mikaël de Poissy.
Le coup de foudre avec le dermographe (outil du tatoueur) remonte à 1991. Après avoir ciré les bancs de l’école Montaigne puis du collège Les Grands Champs, l’apprenti photographe entre dans un salon de tatouage pour un reportage : « Je comprends tout de suite que c’est ma place ». Il apprend alors les bases du dessin à l’Académie des Peintres de l’Abbaye et fait couler beaucoup d’encre à Beauregard : « J’ai dû tatouer la moitié du quartier, notamment pas mal de blousons noirs qui avaient des trucs à recouvrir ».
Engagé dans les commandos de l’armée de l’air en 1995, il garde la main en tatouant toute la caserne. A son retour, il œuvre aux puces de Clignancourt et au Puy-en-Velay, devenant ainsi le premier tatoueur de Haute-Loire. Mais à la fin des années 90, Mikaël songe à stopper l’aiguille : « Une génération sortie d’écoles d’art, pleine de maîtrise, a tout révolutionné. J’avais 25 ans et j’étais dépassé ».
A la croisée des chemins, il part travailler à New York, Los Angeles et Montréal où il « réapprend tout ». A son retour, il se met à tatouer des vitraux. « En tant que passionné d’histoire médiévale et amoureux de la Collégiale, ce style m’enthousiasmait. En plus ça n’existait pas et ça rendait très bien », se souvient celui qui fait rapidement la Une des magazines de tatouage et voit son premier salon pisciacais, en face de La Poste, pris d’assaut.
Des historiens du monde entier pour clients
Aujourd’hui, "le Michel-Ange des tatoueurs" ne se consacre plus qu’à une vingtaine de clients par an, uniquement dans le style vitrail mixant l’iconographie médiévale et l’art japonais : « Ils viennent du monde entier. Beaucoup sont des historiens. J’adore échanger avec eux et leur faire découvrir Poissy dont l’histoire me passionne depuis toujours et qui me manque quand je n’y suis pas. »
« Faire découvrir », un leitmotiv pour lui qui compte 300 000 abonnés sur Facebook et 50 000 sur Instagram où il dévoile également son immense collection via le compte French Tattoo Museum. Cette même soif l’a poussé à devenir en 2017 directeur de la publication du magazine français de référence "Tatouage Magazine". Soucieux de la postérité, Mikaël écrit en parallèle un livre sur l’histoire du tatouage de 1800 à 1960 après avoir signé une affiche pour le Noyau de Poissy, une guitare et un couteau pour les marques Fender et Deejo.
Son talent n’a pas non plus échappé à l’Académie Arts-Sciences-Lettres qui lui a décerné le 14 octobre dernier sa médaille vermeille. Une première pour un tatoueur. Et il n’a pas fini de faire sortir le tatouage du salon. Le travail de Mikaël est actuellement étudié à l’école de la tapisserie et à celle du vitrail à Limoges. De quoi colorer plus encore son musée personnel.